Étiquette : Witold Gombrowicz

« Yvonne, Princesse de Bourgogne »: sans prétention autre que de se faire plaisir

— Par Roland Sabra —

Après Camus et son Caligula, c’était au tour de Gombrowicz de nous balader du coté de l’absurde avec sa princesse de Bourgogne prénommée Yvonne. Mais si Camus emprunte les chemins de la philosophie, de la rationalité et de la dramaturgie conventionnelle l’auteur polonais, lui s’aventure du coté de Beckett ou de Ionesco quand bien même il réfutait cette comparaison. On retrouve chez lui la réduction des personnages au rôle de pantin et la disparition de toute logique sociale dans les comportements. La seule préoccupation de Gombrowicz semble être le Moi de ses personnages qu’il fragmente, brise, névrotise à l’image d’une perception de la réalité confondue avec la fiction. Fidèle à Buffon il reprend à son compte l’aphorisme « Le style c’est l’homme même » quand il déclare : «  « Ce n’est pas de ce mystérieux « talent » que part l’écrivain pour écrire, mais de lui-même. »

Il est prince, s’ennuie et pourtant ses désirs sont des ordres. Il veut faire la nique à son père le roi et décide donc d’épouser une roturière laide, apathique, peureuse, anémique, « molichonne », se déplaçant avec l’énergie d’une nappe d’huile sur un papier buvard.

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“Yvonne, princesse de Bourgogne” de Witold Gombrowicz, m.e.s. Arielle Bloesch

Mercredi 13 novembre 2019 à 19h 30 au T.A.C.

La pièce, que Witold Gombrowicz lui-même définit comme une comédie (dans ses Souvenirs de Pologne), est une parodie shakespearienne dont l’action se situe en un temps non défini, à la cour d’un royaume imaginaire : le « Burgunda » du titre original polonais évoque une princesse « du vin de Bourgogne » ou « d’un Bourguignon », et non directement de la région historique française. Lors de la traduction de la pièce en français, l’auteur a d’ailleurs envisagé de lui donner plutôt pour titre La Princesse Anémie.

Le prince Philippe, héritier du trône, recru d’ennui et de satiété, se rebiffe contre le protocole et ses cérémonies sans fin. Par défi, il se fiance à Yvonne, jeune roturière insignifiante et aussi taciturne que laide. Les parents du prince, la reine Marguerite et le roi Ignace, sont accablés. Moquée par les courtisans, Yvonne reste muette et son silence devient provocation. Malgré des tentatives répétées, nul ne parvient à la faire parler et la tension monte à la cour. Le passé ressurgit et fait éclater les apparences du présent : le roi et son chambellan ont du sang sur les mains, le pouvoir royal n’est qu’une pure tyrannie et le rituel de cour une farce.

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