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« Victoire Magloire dit Waro »

À la guerre comme à la guerre

— Par Selim Lander —

On assiste toujours avec curiosité à un spectacle venu de la lointaine Réunion (deux océans à franchir, soit au bas mot une vingtaine d’heures d’avions, sans compter l’escale évidemment) parce que, en l’occurrence, les similitudes superficielles (le passé colonial et l’actuelle dépendance, l’usage du créole) n’empêchent pas une différence culturelle forte avec nos Antilles, laquelle se remarque, au théâtre, aussi bien dans les thèmes retenus que dans la manière dont ils sont abordés.

Contrairement aux Antillais, les Réunionnais ne sont pas mal (ou sont moins mal) dans la France. À preuve leur refus de toute consultation sur l’abandon éventuel du département et de la région au profit d’une collectivité unique. Impossible également de ne pas remarquer qu’ils sont moins obsédés que nous par le passé esclavagiste ou par l’inceste, sujets récurrents sous nos cieux.

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« Victoire Magloire dit Waro » de Sully Andoche et Barbara Robert

Samedi 12 mai 2018 à 20h  Topiques-Atrium la terrasse – (places limitees)

Le parcours d’un poilu réunionnais durant la Grande Guerre

A quoi ça tient, un destin ? Du haut de son Brûlé natal, Victoire Magloire, petit agriculteur, ne voit le sien qu’avec la main de Rolande. Ce que les parents de la belle refusent de lui accorder, tout illettré qu’il est. Déterminé à y remédier coûte que coûte, Victoire s’en descend à Saint-Denis, pour infléchir le cours de son histoire. C’est la Grande Histoire qui le happera : nous sommes en août 1914, la 1ère Guerre Mondiale a commencé à rugir, et la France recrute jusqu’en ses lointaines colonies. Par un échange d’identités, Victoire Magloire devient Ernest Waro, et embarque vers son grand parcours initiatique, dans lequel sa candeur ne sera pas la moindre de ses armes.
De l’intime à l’universel, il y a un sillon que la Konpani Ibao ne cesse de creuser. En rappelant que le théâtre peut (doit ?) être populaire ET exigeant, Didier Ibao et ses partenaires dessinent une fresque sociale et historique, richement documentée, qui fait la part belle à l’humilité, à l’émotion : parler à chacun en questionnant la communauté, c’est pour beaucoup ce qui fait du théâtre un lieu « drôlement » vivant.

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