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Un certain regard… sur les films de février

Taxi Téhéran— Par Selim Lander —

Un mois presque entièrement consacré au cinéma iranien avec quatre des cinq films présentés. On a suffisamment de souvenirs enthousiastes de ce cinéma – à commencer par Une séparation – pour apprécier l’occasion qui nous est donnée d’entrer davantage dans les productions d’un pays qui se caractérise à la fois par le nombre de réalisateurs talentueux et la présence d’une censure tatillonne. Ceci explique que certains de ces réalisateurs aient choisi l’exil, faute de pouvoir s’exprimer librement chez eux. D’autres, comme Jafar Panahi préfèrent demeurer dans le pays qui nourrit leur inspiration, quitte à filmer dans des conditions précaires et à ne pas être diffusés en Iran.

Le Président, de Mohsen Makhmalbaf, a été, pour sa part, entièrement filmé à l’étranger, en Géorgie. C’est une fable qui vaudrait pour n’importe quelle dictature, et – pourquoi pas ? – celle qui sévit en Iran. Le film qui raconte l’odyssée du dictateur en fuite avec son petit-fils élevé comme une marionnette militaire, n’est pas parfaitement réussi. Quelques scènes fortes ne suffisent pas pour excuser des longueurs (le film dure deux heures) et une désinvolture frisant l’amateurisme.

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« Taxi Téhéran », Ours d’Or à Berlin, ne roule toujours pas en Martinique

taxi_teheranCe taxi-là roule sans permis. Ce taxi-là n’est pas un taxi. C’est un plateau de cinéma clandestin, un camouflage monté sur roues, le véhicule d’un insoumis. Combien d’interdits l’Iranien Jafar Panahi (Le Cercle, Le Ballon blanc) brave-t-il en prenant lui-même le volant ? En installant une petite caméra dans l’habitacle ? Depuis 2010, pour avoir osé contester la réélection frauduleuse du président Mahmoud Ahmadinejad, le cinéaste n’a pratiquement plus aucun droit : ni ­parler en public, ni quitter le pays. Et surtout pas exercer son métier.

Et pourtant, il tourne. Taxi Téhéran (Ours d’or au dernier festival de Berlin) est sa troisième oeuvre « illégale ». Mais c’est aussi la première fois qu’il s’échappe au-dehors depuis sa condamnation. Le documentaire Ceci n’est pas un film (2011) et la fiction Pardé (2013) étaient restés « assignés à résidence », huis clos où bouillonnait sa réflexion d’artiste censuré, claquemuré. L’intérieur d’une voiture est certes exigu, et prolonge délibérément la même sensation carcérale. Mais c’est un enfermement différent. Dans les rues bruyantes et les rocades bétonnées de Téhéran, Jafar Panahi retrouve le monde, son monde.

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