Précédé de quelques considérations sur la politique culturelle
— Par Selim Lander—
Du théâtre jeune public à l’Atrium, c’est non seulement rare mais précieux à voir l’affluence à la représentation programmée à 17 h un samedi après-midi, jour et heure bien choisis au demeurant pour attirer les petites têtes brunes ou blondes et leurs parents. Il n’est jamais trop tôt pour donner le goût du théâtre, aussi ne peut-on que souhaiter que de telles séances deviennent plus fréquentes.
En cette période d’élection présidentielle, les institutions culturelles sont sur la sellette. Aucun des deux candidats restant en lice ne semble décidé à pérenniser sans examen un système où les institutions culturelles à caractère plus ou moins officiel captent la quasi-totalité (85%) du budget du ministère de la Culture. La question récurrente est celle du public qui fréquente ces institutions, un public que l’on sait culturellement favorisé. Car si des solutions existent pour faire accéder le public « populaire » à la culture « noble », elles n’ont jamais été mises en œuvre avec la vigueur nécessaire. Le slogan – magnifique – de « la culture élitaire pour tous » est malheureusement resté un slogan.

Culture. Cette fois, quelque chose dans l’air
du temps nous pousse à y croire vraiment : et si la France,
sans même s’en rendre compte, finissait par bazarder aussi
son exception culturelle, après tant et tant d’années de luttes
et de mobilisation collective ? De baisses budgétaires en gel des crédits, de manque d’ambition en renoncements successifs, sans parler, bien sûr, du danger mortel que constitue
le maudit traité transatlantique de libre-échange, qui aurait
pour conséquence de brader quelques pans entiers
de la République régulatrice, la culture est belle et bien
en danger. Parfois jusqu’à l’absurde… Avez-vous vu les
réactions d’allégresse et les transports d’enthousiasme après
le rapport des inspections des finances et de la culture
qui vient de mettre en avant le fait que le secteur culturel
était un « remarquable élément productif » de notre
économie, comme si cette découverte constituait l’alpha
et l’oméga de toute ambition ?
Monsieur le Président,
Nous assistons depuis quelques temps à une relance des activités artistiques dans certaines communes de la Martinique, comme un regain d’intérêt culturel pour l’ensemble du territoire martiniquais ; ce qui devrait nous réjouir au vu des appels publics que j’ai lancé depuis plus de six mois, vers les collectivités et particulièrement vers les intercommunalités, en leur démontrant l’intérêt pour leur territoire de maitriser la compétence culturelle. D’autant que les services de l’Etat ne sont pas hostiles à la mise en œuvre de ces dispositifs prévus dans les lois de décentralisation qui prévoient notamment la formation artistique et la diffusion des productions sur l’ensemble des territoires.