Étiquette : Pascal Rambert

« Je t’ai aimé, ce n’est déjà pas si mal », texte et m.e.s. de Pascal Rambert

Avec « Perdre son sac » puis « Ranger », Pascal Rambert met en scène deux de ses textes qui parlent chacun d’amour et de désespoir, avec deux comédiens au bon tempo.

— Par Gérald Rossi —

Avec « Perdre son sac » puis « Ranger », Pascal Rambert met en scène deux de ses textes qui parlent chacun d’amour et de désespoir, avec deux comédiens au bon tempo.

Face public, au centre d’une immense bâche de plastique bleu, elle parle, se raconte, dit ses espoirs et ses colères. Surtout ses colères. Elle ne quitte guère un espace limité, une planche carrée, d’un mètre de coté seulement, ou d’à peine un peu plus, qui résonne, qui claque, sous les talons de ses bottines. Avec son « bac plus cinq » comme elle le répète, elle lave des vitrines, enfin celles des commerces qui veulent bien payer quelques euros en échange. Jeune fille, sans doute venue de loin, elle survit. Voyage aussi avec son père. Avec qui elle partage plus de rancoeur, de haine même que d’amour, puis elle tombe amoureuse folle de Sandrine, une des vendeuses d’un magasin de cosmétiques.

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 Au TNB, « Ranger », de Pascal Rambert pour Jacques Weber

« Ranger » après « Perdre son sac »,  deuxième partie d’un diptyque sur la vie

–– par Janine Bailly ––

Aux antipodes de Perdre son sac, Pascal Rambert écrit, pour Jacques Weber, un monologue qu’il nomme Ranger, comme ranger ses papiers, trier le bon grain de l’ivraie, dresser un bilan avant de clore le chapitre de la vie. Aux antipodes, car une jeune femme est à l’aurore de sa vie d’adulte, un homme déjà blanchi sous le harnais s’achemine vers la mort ; bâche bleue pour elle en guise de décor, espace ouvert donc, pour lui un plateau transformé en un lieu qui, par son dépouillement, ses lignes géométriques, ses couleurs blanches, ses quelques meubles fonctionnels et ses néons aveuglants, m’évoquera davantage un lieu clinique qu’une chambre d’hôtel, lieu fermé au point que le « quatrième mur » se voit figuré par de fines colonnes entre lesquelles regarder jouer, se déplacer souvent le comédien. Qui arpente le plateau, tout comme il remonte le cours de son existence. Qui s’assied face au cadre enfermant le portrait de l’épouse disparue, et qu’il vient de placer sur la table, côté salon.

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Au TNB : Pascal Rambert et Lyna Khoudri

Comment créer dans une complicité théâtrale assumée

–– Par Janine Bailly ––

Au TNB (Théâtre National de Bretagne), à Rennes, Pascal Rambert nous revient, après Mes frères mis en scène la saison passée par Arthur Nauzyciel, et Dreamers créé avec les comédiennes et comédiens de l’École, promotion 10. Nous revient avec deux monologues, dont nous avons la primeur avant qu’ils ne soient donnés au Théâtre des Bouffes du Nord, en février à Paris, l’un confié à la jeune comédienne Lyna Khoudri, l’autre à Jacques Weber, un grand que l’on ne présente plus !

Perdre son sac, monologue interprété par Lyna Khoudri 

Elle entre, de sa démarche verticale, seule pour emplir l’espace, petit bout de femme brune et fière que d’emblée on devinera déterminée, porteuse d’une parole sans détours ni faux-fuyants. Elle entre et son corps, que l’on sent habité de forces et de fragilités, donne à l’air une densité nouvelle. Corps tout en révoltes. Corps tendu comme un arc.

Elle entre et se pose, s’impose là, sur un rectangle, étroit plateau de jeu au centre de la bâche bleue qui figure le décor, tendue en fond et au sol, si près de nous puisque l’espace scénique n’est pas surélevé, mais se veut au niveau du public.

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Au Portugal, le festival de Almada, version langue française.

— par Janine Bailly —

Au Festival de Théâtre de Almada, dans une ambiance toujours chaleureuse, on découvre ou redécouvre de grands textes, d’aujourd’hui et d’autrefois, et qui sont pour certains donnés en cette belle langue française, supplantée aujourd’hui au Portugal par l’anglais mais encore bien connue des générations plus anciennes.

Liliom, ou la vie et la mort d’un vaurien (Liliom ou a vida e a morte de um vagabundo) : au Teatro municipal Joaquim Benite, de Almada

« Je voulais aussi écrire ma pièce de cette manière. Avec le mode de pensée d’un pauvre gars qui travaille sur un manège dans le bois à la périphérie de la ville ». Ainsi parlait le dramaturge hongrois Ferenc Molnár qui présentait sa pièce Liliom, créée en 1909 et sujette à de multiples adaptations cinématographiques, celle de Fritz Lang n’étant pas la moindre. Jean Bellorini, qui donna à la carrière Boulbon le fabuleux Karamazov dans le cadre du 70° Festival d’Avignon, offre ici de Liliom une version poétique, qui repose sur une scénographie inventive et par instants féérique. De la fête foraine, il retient l’espace carré d’un manège d’auto-tamponneuses, les quatre véhicules s’offrant aux entrées et sorties des personnages.

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« Actrice » texte, mise en scène et scénographie Pascal Rambert

—Par Michèle Bigot —
Après Clôture de l’amour en 2011 et Répétition en 2014, Pascal Rambert continue d’explorer les deux voies parallèle du théâtre et des affres de la condition humaine. L’originalité de son approche, c’est cette façon singulière de nouer ces deux arguments. Il ne s’agit pas seulement de théâtre dans le théâtre, quoique cette dimension ne soit pas absente. Il s’agit de représenter un univers dont les acteurs soient des comédiens, qui portent au plus profond de leur cœur la passion du théâtre. Les titres le disent assez. Ce qui est en jeu, c’est la vie des acteurs en tant que personnes comme en tant que comédiens. Les deux étant inséparables. D’où une réflexivité permanente dans l’écriture, qui fait de l’objet théâtral la première des passions humaines, gouvernant toutes les autres. Eugenia, l’actrice par excellence le dit bien, qui affirme avoir fait passer l’amour du théâtre avant ses enfants et ses amants. Pascal Rambert aime ses actrices. Et leur donne les moyens d’exprimer leur talent de manière superlative. Audrey Bonnet, sa complice irremplaçable, et Marina Hands, dont on ne dira jamais assez le pouvoir d’émotion.

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