Étiquette : Henri Alleg

Au TNB, Stanislas Nordey dit « La Question», de Henri Alleg

Quand le théâtre vient nous rappeler un pan tragique de notre histoire 

— Par Janine Bailly —

Au Théâtre National de Bretagne, Stanislas Nordey s’est fait, pour quelques soirs et pour un public extrêmement attentif, le passeur du message délivré par Henri Alleg dans ce qui fut, à l’époque de sa parution, un brûlot éveilleur de conscience. 

Rappelons brièvement ici que, né à Londres de parents juifs polonais, Henri Alleg arrive en Algérie en 1939, milite au parti communiste, est nommé directeur du quotidien Alger Républicain. Son journal est interdit en 1955, mais lui continue à envoyer des articles à L’Humanité, une des raisons pour lesquelles il est arrêté en 1957 par les parachutistes de la dixième division, qui le séquestrent à El-Biar, l’un des centres de torture de l’armée française, dans la banlieue d’Alger. Sauvagement torturé, et ce pendant tout un mois, il sera ensuite transféré au « centre d’hébergement » de Lodi – plus justement nommé « camp d’internement » – puis déplacé à la prison civile d’Alger, où la torture cessera.

C’est de sa prison que Henri Alleg écrit La Question, témoignage de sa détention à El-Biar, rédigée sur des feuilles de papier-toilette confiées en secret à ses avocats.

→   Lire Plus

« La Question » texte de Henri Alleg, m.e.s. Laurent Meininger avec Stanislas Nordey

— Par Michèle Bigot —

Le texte de Henri alleg a été écrit en 1957. Ce n’est pas une fiction, c’est le témoignage sans concession de ce que son auteur a subi en fait de torture. Nous sommes en pleine guerre d’Algérie. Henri Alleg est arrêté en même temps que Georges Hadjadj et Maurice Audin. Les trois militants seront torturés impitoyablement et Maurice Audin mourra sous les coups. Henri Alleg résiste à un traitement dont la barbarie est sans égale. Miraculeusement il s’en sort vivant et décide de raconter par le menu les tortures qu’il a subies. Il écrit pour les autres, pour tous ceux qui sont morts sous les coups et pour alerter l’opinion, conformément à son éthique de journaliste. Jérôme Lindon décide courageusement d’éditer ce texte aux éditions de Minuit. Le texte fut écrit par morceaux sur du papier toilette que la femme d’Henri Alleg sortait clandestinement. Alors que les tortionnaires ont tous été amnistiés, Henri Alleg a continué à être inquiété. L’État français lui a longtemps gardé rancune d’avoir raconté ce dont ses sbires étaient capables et il commence à peine à reconnaître sa responsabilité.

→   Lire Plus