Étiquette : déportation

« J’ai soif » : devoir de mémoire

— Par Selim Lander —

« Vous le répèterez à vos enfants », telle est la phrase conclusive de l’hommage aux déportés de la deuxième guerre mondiale orchestré par Serge Barbuscia. Orchestré s’impose ici car la plus grande partie du temps est occupée par la musique des Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn interprétée au piano, le comédien – S. Barbuccia lui-même – intervenant sporadiquement pour distiller de brefs extraits de Si c’est un homme de Primo Levi.

« Vous le répèterez à vos enfants » … qu’il y eut cette abomination du massacre de millions de juifs dans des camps de la mort ou ailleurs sous l’égide du sinistre Hitler. Et sans doute en effet, nos enfants ont-ils besoin d’apprendre cette histoire, particulièrement en ces temps troublés où beaucoup de jeunes et de moins jeunes sans mémoire se laissent aller trop facilement à des réflexes xénophobes, autant d’ailleurs du côté des opprimés que des oppresseurs…

Un théâtre politique pétri de bonnes intentions n’est cependant pas nécessairement du bon théâtre. Soucieux de ne pas les agacer, nous ne renverrons pas une fois de plus nos lecteurs à notre article d’Esprit sur la question, rappelons simplement que le théâtre politique n’atteint que rarement sa cible, d’abord parce que le théâtre – particulièrement le théâtre engagé –  demeure – et certes, on le déplore – un théâtre élitiste.

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« La Douleur » : pari tenté, pari risqué mais pari réussi

— Par Selim Lander —

Marguerite Duras. Certains l’appellent tout simplement Marguerite, d’autres La Duras, signe d’une célébrité hors norme. Les plus jeunes ne connaissent d’elle que les dernières années, lorsque, bien que sous l’emprise de l’alcool et n’étant plus tout à fait elle-même, elle était devenue un « personnage » plus qu’une personne. Ses livres resteront davantage que son théâtre et ses films, et pas seulement L’Amant qui l’a fait connaître au grand public. Qui n’a pas encore été ravi par la prose de Duras devrait se précipiter sans plus tarder sur Le Ravissement de Lol V. Stein.

Comme L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord, La Douleur est directement autobiographique puisqu’il raconte une perte, celle du mari, Robert Antelme, déporté pour fait de résistance. Situation paradoxale, très durassienne, puisque elle avait déjà pris la décision de se séparer de lui avant son arrestation. Le film d’Emmanuel Finkiel (qui fut l’assistant de Godard et de Kieslowski) raconte comment Marguerite Antelme, à Paris en 1944, s’est battue pour avoir des nouvelles de son mari, comment elle essayé – en vain – de lui éviter la déportation, puis, la guerre finie, la longue attente dans l’espoir d’un retour de plus en plus improbable au fur et à mesure des mois, jusqu’à ce qu’on le lui ramène pratiquement à l’agonie.

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