— Par Siegfried Forster —
Elle avait une envie viscérale de comprendre le drame de la migration. Mais, elle avait peur d’aller dans la « jungle » de Calais pour appréhender l’état déplorable de l’Europe. Donc, la metteure en scène française Catherine Boskowitz a traversé une partie du continent en bus pour arriver en Grèce, le point de départ du périple européen de beaucoup de migrants. Ce qu’elle a vu et vécu avec eux a inspiré « Le pire n’est pas (toujours) certain », présenté en première aux Francophonies à Limoges, en France. Entretien.
RFI : Le pire n’est pas (toujours) certain parle du désarroi des migrants, mais aussi des trahisons de valeurs et contradictions intérieures provoquées chez les responsables en Europe, sans oublier une certaine résistance qui s’organise. Pour vous, le pire à quoi ressemble-t-il ?
Catherine Boskowitz : Le pire serait que cela continue comme ça continue maintenant. C’est-à-dire avec une impossibilité de repenser le monde tel qu’il est en train de muter, au lieu de le repenser dans l’optimisme. Le pire, c’est le pessimisme, c’est-à-dire ce monde qui se referme totalement sur lui-même, divisé entre les riches et les pauvres, entre ceux qui sont là et ceux qu’on empêche de venir.

Une des qualités du festival d’Almada, et non des moindres, est de faire se rencontrer, sans avoir aucunement à craindre la comparaison, le théâtre lusophone dans sa contemporanéité et les théâtres différents venus d’autres pays, théâtres émergés d’autres continents, certains nous disant être pour la première fois invités hors de leur pays d’origine. Ainsi la proposition « Do que é que somos feitos ?!, De quoi sommes-nous faits ?! », nous est offerte par la « Compagnie 1ER Temps » originaire de Dakar et jointe à la « Compagnie ABC » de Paris. Une création riche de sens, et qui comme tout bon spectacle, ne se donne pas dans l’instant à comprendre tout entière.