Ubu président et non plus Ubu roi, les spectateurs sont avertis d’emblée qu’il ne vont pas assister à la pièce d’Alfred Jarry mais à quelque chose d’autre, que les références ne seront pas les mêmes. Et de fait le texte de Mohamed Kacimi – bien connu à la Martinique – est bien plus qu’une adaptation, une véritable réécriture où surnagent malgré tout quelques termes emblématiques de la pièce initiale comme « la chandelle verte », « merdre » ou « cornegidouille » et où domine comme chez Jarry un esprit farcesque. Pour le reste la viande de cheval distribuée au peuple est remplacée par des pizzas et tout est à l’avenant. La distribution de l’or de la cassette royale demeure néanmoins (car l’Ubu président de M. Kacimi se fera finalement proclamer roi).
Ce qui n’empêche pas l’auteur de nous délivrer son message : les Français (« de souche ») sont racistes (ils veulent se débarrasser des immigrés), idiots (puisque ayant élu un président aussi nul et prétentieux qu’Ubu) et bigots. Chacun en jugera et après tout pourquoi pas ?


Ubu Président signe le retour tonitruant du Père et de la Mère Ubu sur scène, dans une adaptation contemporaine, musicale et jubilatoire du classique d’Alfred Jarry. Réécrit par Mohamed Kacimi et mis en scène par Isabelle Starkier, le spectacle plonge le public dans un univers où le ridicule et le tragique se mêlent dans une farce politique terriblement actuelle.