Seulement 6 % des femmes victimes de violences sexuelles ont osé porter plainte en 2021

En France, la libération de la parole autour des violences faites aux femmes révèle un sombre constat : selon une enquête conjointe du ministère de lseulement 6 % des femmes victimes de violences sexuelles ont osé porter plainte en 2021’Intérieur et de l’Insee, seulement 6 % des femmes victimes de violences sexuelles ont osé porter plainte en 2021. Ce chiffre inquiétant soulève des questions cruciales sur les obstacles qui entravent la quête de justice pour ces victimes souvent silencieuses.

L’enquête estime que 422 000 personnes, principalement des femmes, ont été victimes de violences conjugales en France en 2021. Cependant, seules 15 % des victimes de ces violences ont franchi le seuil du commissariat pour déposer plainte. Les raisons de cette hésitation sont variées, mais deux motifs principaux se dégagent : le sentiment que les violences ne sont pas assez graves (24 %) et le doute quant à l’efficacité d’une plainte (24 %). Par ailleurs, 16 % des femmes craignent que leur témoignage ne soit pas pris au sérieux par les autorités judiciaires.

L’étude met en exergue la complexité psychologique des victimes, révélant que 70 % des personnes touchées par des violences conjugales ont subi des dommages psychologiques significatifs. Parmi les raisons invoquées pour éviter de porter plainte, la peur des représailles (12 %) et la défiance envers le système judiciaire (16 %) sont également des freins majeurs.

Les témoignages de victimes décrivent des expériences difficiles lors du dépôt de plainte, mettant en lumière le manque de sensibilité ou de compréhension de la part des agents. Malgré ces défis, des progrès tangibles ont été réalisés, avec une augmentation de 53 % du nombre de poursuites pour viols et agressions sexuelles entre 2017 et 2021, selon les statistiques du ministère de la Justice.

Au-delà des chiffres, l’étude souligne le besoin impérieux d’une prise en charge précoce des victimes. Elle encourage le dépôt de plainte comme moyen de protection et d’accès à des droits. Malgré les obstacles persistants, des initiatives telles que la plateforme « Arrêtons les violences » offrent un espace sécurisé pour signaler des faits de violences sexuelles et sexistes, contribuant ainsi à créer une voie d’accès plus accessible vers la justice.

La nécessité d’une sensibilisation accrue autour des violences conjugales est également mise en avant. Les victimes sont souvent soumises à une pression psychologique intense, culpabilisées et menacées, compliquant le processus de dépôt de plainte. Les violences sexuelles touchent fréquemment les individus avant l’âge de 18 ans, et le manque de confiance, la peur, et la manipulation font obstacle au processus de dénonciation.

Zoë Royaux, avocate pénaliste et porte-parole de la Fondation des femmes, souligne un autre obstacle : l’identification des faits dans une société patriarcale. Souvent, les victimes estiment que leur situation ne correspond pas à la définition du viol, par exemple, si elles se sont enivrées volontairement ou si elles étaient dans un état de sidération.

Les témoignages des victimes pointent également du doigt les déficiences du système judiciaire. Iris, victime de violences conjugales, a vu sa plainte classée sans suite, renforçant son sentiment de minimisation des faits. En 2016, 73 % des plaintes pour violences sexuelles ont connu le même sort. Un classement sans suite expose non seulement les victimes à des risques accrus de revictimisation mais aggrave également le traumatisme initial.

Pour encourager le dépôt de plainte, les spécialistes soulignent la nécessité d’une procédure judiciaire mieux adaptée aux victimes de violences sexuelles. Malgré les avancées notables, des efforts continus sont nécessaires pour former les forces de l’ordre, sensibiliser la société, et créer des mécanismes d’accompagnement et de soutien appropriés. L’enjeu ultime reste de briser le silence, offrant aux victimes une voie vers la justice et la guérison.

M’A