Sacco & Vanzetti : la controverse judiciaire

Jeudi 9, Vendredi 10, Samedi 11 Octobre 2014 au T.A.C.

sacco_&_vanzeti-2— Par Christian Antourel —

La pièce a été créée au Théâtre Déjazet, puis au Festival Off d’Avignon. C’est l’histoire de l’affaire Sacco et Vanzetti, le procès controversé des anarchistes d’origine italienne, Nicolas Sacco et Betholomé Vanzetti qui a lieu au Etats-Unis dans les années 20. La pièce ne s’est jamais départie de son admirable succès.

« Année 1927 dans la prison de Charleston(Massachusetts) aux Etats Unis. Nicolas Sacco, l’anarchiste italien, condamné sans justice, n’a plus que quelques à vivre. Juste ce temps avant la grande décharge d’électricité. Avant la nuit, avant l’oubli, avant la mort. Peur et solitude. Soudain lui apparait comme un songe un atre détenu, Bartolomeo Vanzetti, son compagnon de route, son frère d’infortune, son alter égo. Un instant encore, tous deux se prennent à rêver, à évoquer leurs souvenirs et leurs angoisses, apprennent à affronter la mort, de face, à l’affronter en hommes libres, sans reculer ni fléchir, au service de la grande cause révolutionnaire. Entre hallucination ultime et fiction historique, le spectacle se se découpe de scènes en duo qui reconstituent l’itinéraire, des deux hommes jusqu’au couloir de la mort. Ils sont tous les personnages de ce récit légendaire. Un spectacle « à thèse » pour dénoncer à grands traits l’justice et l’intolérance. La mise en scène ne ménage pas ses effets. Elle ne fait ni dans l’allusion, ni dans la dentelle. Une prestation d’ensemble très américaine. Sur le plateau des ampoules qui grésillent, des ombres de barreaux projetées, des bruits d’électricité ou de cachots qui se ferment et se referment, et surtout… des chaises.
Ces comédiens-caméléons débordent de vitalité
Ainsi se crée une sorte d’illustration mutuelle entre le texte et la mise en scène redoublée encore par le dispositif photographique et une projection vidéo d’images d’époques. Jacques Dau et Jean-Marc Catella, on les verrait volontiers derrière la caméra. A eux seuls ils endossent une foule de rôles, font surgirent les mânes de Sacco et Vanzetti, tous les spectres de leur, procès fantôme. Ils sont tous les personnages de ce récit légendaire. Ces comédiens-caméléons débordent de vitalité. Et le chant des partisans un instant entonné n’ajoute rien à leur talent. » Avec un humour presque noir, souvent glacé, l’auteur passe allègrement de l’étrange au fantastique et semble dénoncer tant les exécuteurs que les exécutés. Un paradoxe qui ne prive en rien, la fascinante force du texte. Se succèdent alors monologues, scènes de dialogues et c’est dans un monde pré apocalyptique, quasi imaginaire, proche d’une vision surréaliste de notre monde, un contexte dans lequel on dépeint l’homme, mais finalement sans prendre les choses trop au sérieux, comme si après avoir noirci le tableau, l’avoir grimé de sombres arabesques, qu’on voudrait nous faire croire que peut-être rien de tout cela n’était vrai.

CITATION EXPRESS

« Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues…j’aurais pu mourir ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre trophée. De toute notre vie, nous n’aurions espéré faire pour la tolérance pour la compréhension mutuelle des hommes. Ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos souffrances, nos paroles ne sont rien, mais qu’on nous prenne nos vies, c’est tout , c’est notre gloire et notre triomphe »
Sacco

Pratique :
Au Théâtre Aimé Césaire les 8. 9. et 10 octobre 2014

19H30. 20 et 15 euros
Texte : Alain Guyard
Interprétation :Jacques Dau
Jean-Marc Cattella
Mise en scène et scénographie : François Bourcier
Information/réservation :05 96 594 329.

Christian Antourel

Publié dans France-Antilles Magazine