« Roda Favela » de Laurent Poncelet

Les Artistes et les spectateurs pris au piège du metteur en scène. Plus pauvre que la misère, c’est la pauvreté de la mise en scène

— Par Jandira Bauer —

Dans cette création inspirée de la vie dans une favela de la ville de Recife au Nord-Est du Brésil, où la réalité est puissante, le piège de la caricature ou de la « folklorisation » de la mise en scène reste un parti-pris fort dangereux. En général, le Théâtre immersif ou engagé convie le public à une implication émotionnelle. Nous, spectateurs, devenons alors complices ou otages de la mise en scène durant la représentation, peu importe la manière dont l’œuvre est construite.

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Dans Roda Favela les artistes jouent des rôles inspirés de témoignages, construits de toutes pièces durant la représentation, les « gens » de la favela et la favela elle-même sont à nos pieds. Le metteur en scène sature l’espace scénique d’images en insistant lourdement sur la pauvreté, la misère, la violence. Cette surenchère visuelle devient un dispositif spectaculaire, non pour éveiller une conscience lucide, mais pour frapper les regards étrangers, les spectateurs extérieurs à cette réalité qui demeure un objet esthétique : une misère bien réchauffée sans véritable nouveauté ni authenticité, et surtout dénuée de clés de compréhension, comme si le spectateur, surtout s’il est étranger à cette réalité, avait besoin d’être assommé pour comprendre.

Cette mise en scène ne raconte pas, elle assène. Elle ne donne pas la parole. Elle est voyeuriste.

C’est le théâtre lui-même qui est en crise : plus pauvre que la misère insistée dans cette favela, c’est la précarité d’imagination, de créativité de Laurent PONCELET. Il confond intensité dramatique avec violence sonore insistant lourdement sur la caricature vocale. La forme théâtrale est écrasée et contre-productive, noyée sous un vacarme spectaculaire. Et pourtant dans ce vacarme, une chose reste vraie, belle et irréductible : les Artistes, lumineux, malgré le cadre qui les enferme.

Ils sont jeunes, Ils sont portés par une énergie sincère, par l’enthousiasme d’être là sur scène. Ils se suffisent à eux même. Et c’est là dans cet instant de vérité, que le public est touché.

A la fin, dès les premiers applaudissements, le metteur en scène se précipite sur scène, interrompant les rappels, et vient « voler » aux artistes l’ovation méritée pour tant d’énergie de lumière et de sincérité.

Je souhaite à ces jeune talents bonne route. Qu’ils continuent à faire vibrer la scène, comme ils savent faire : avec leurs corps, leur joie, leur vérité.

Jandira BAUER

Festival d’Avignon – Espace mistral 07 / 24 juillet

Roda Favela
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Auteur
Laurent Poncelet
équipe artistique
L. Poncelet – Mise en scène
D. Cunha de França – Interprétation
L. V. da Silva – Interprétation
T. da Silva Salomé – Interprétation
J. L. de Souza Carvalho – Interprétation
M. L. do Nascimento – Interprétation
C. C. dos Santos – Interprétation
J. Hilton – Interprétation
A. V. Oliveira da Silva – Interprétation
E. F. Ribeiro Alves da Silva – Interprétation
G. Ribeiro da Fonseca – Interprétation
M. V. Rufino Santos – Interprétation
R. Tenório dos Santos – Interprétation
R. de K. Tenório dos Santos – Interprétation
J. Argemi – Lumière
J. Junior – Collaboration artistique
M. Monti-Lalaubie – Vidéo
Sarah Cardenas – Accueil
Léa Meunier – Production