Procès des rappeurs à La Havane : « Le régime cubain est impitoyable avec les Noirs »

— Par Axel Gyldén —

Les auteurs du titre « Patria y Vida », récompensé aux Grammy Awards, sont jugés lundi et mardi à La Havane. Ils risquent dix ans de prison ! Leur crime ? Ils s’expriment en chanson.

En novembre dernier à Las Vegas, le rappeur Maykel Osorbo et l’artiste-performeur Luis Manuel Otero Alcantara reçoivent deux Latin Grammy Awards pour leur morceau Patria y Vida sacré « meilleure chanson de l’année ». Pendant ce temps-là à Cuba, où ces deux Afro-Cubains sont emprisonnés depuis un an, le gouvernement leur réserve un tout autre genre de… « récompense ». Jugés à partir de lundi 30 mai et jusqu’au lendemain pour diffamation contre l’Etat, ils risquent jusqu’à… dix ans de goulag tropical. Comme tous les procès politiques à sur l’île communiste, la procédure n’aura rien d’équitable. 

Le crime de « Maykel » et de « Luis Manuel » ? Avoir composé une chanson qui détourne le slogan révolutionnaire Patria o Muerte (la patrie ou la mort) pour parler d’un avenir meilleur. Plus grave: leur hymne à la liberté est vite devenu un hit. « Plus de mensonges/ Le peuple exige la liberté, plus de doctrine/ Ne crions plus Patrie ou Mort mais Patrie et Vie », dit le texte de leur « compo » qui évoque « soixante ans de répression » et la « dignité bafouée ». Quelques jours après sa sortie voilà seize mois, le morceau fait un carton sur YouTube. Et contribue à galvaniser le petit peuple qui, courageusement, se soulève quelques mois plus tard, le 11 juillet, lors d’une manifestation monstre, spontanée et inédite. Du jamais vu depuis le début de la révolution cubaine en 1959. 

 

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