Prix littéraires : le Goncourt à Éric Vuillard, le Renaudot à Olivier Guez

— par Christine Siméone —

Le prix Goncourt est attribué à Eric Vuillard pour « L’Ordre du jour ». Le Renaudot revient à Olivier Guez pour « La Disparition de Josef Mengele ». Deux livres qui mettent en jeu l’histoire récente de l’Europe.

Le roman d’Eric Vuillard, L’Ordre du jour, que le jury Goncourt récompense, est paru début 2017 chez Actes Sud. Eric Vuillard a déjà obtenu le Prix Vialatte pour ce livre, dans lequel il raconte les coulisses de l’Anschluss – l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938 – en une centaine de pages seulement. C’est un récit très incisif, dans lequel l’auteur piste dans chaque détail des scènes décrites, l’état psychologique ou la moralité des personnages.

Il démonte la mécanique qu’Hitler a mise en place pour mettre son voisin autrichien à genou. Comme au théâtre, on y voit les plus importants responsables de l’époque entrer ou sortir d’un jeu qui sera fatal à l’Europe.
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Mieux comprendre l’histoire des temps dont nous sommes faits grâce à Eric Vuillard

Il est rare qu’un roman paru bien avant la rentrée littéraire (en mai exactement) se retrouve parmi les finalistes du Goncourt. Eric Vuillard était en lice face à Alice Zeniter, Véronique Olmi et Yannick Haenel. L’écrivain, âgé de 49 ans, a été récompensé au troisième tour de scrutin par 6 voix contre 4, selon Didier Decoin, membre de l’académie Goncourt. Eric Vuillard est également l’auteur de Conquistadors en 2009, Congo en 2012) et de 14 juillet en 2016.
Le prix Renaudot revient à Olivier Guez pour « La Disparition de Josef Mengele »
Olivier Guez
Olivier Guez © AFP / Joel Saget

Olivier Guez décroche le Renaudot avec La Disparition de Josef Mengele (Grasset), qui revient sur l’histoire de l’ancien médecin SS à Auschwitz. Coupable d’expérimentations atroces sur les déportés, il s’est enfui en Argentine, avant de mourir au Brésil. Comment Mengele a-t-il pu passer inaperçu pendant trente ans ? Y a t-il eu des complicités pour l’aider à finir ses jours à l’abri des regards ? Dans un monde corrompu par l’argent et le pouvoir, tout est possible. Olivier Guez a enquêté pendant des années pour comprendre.

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Ainsi les deux romans récompensés se placent en amont et en l’aval de la Deuxième Guerre mondiale, avec des approches totalement différentes. L’un scrute un moment décisif, l’autre est une enquête. Dans les deux cas, se déploient les méandres des consciences, et inconsciences, humaines.