Prix Interallié 2015 : « La Septième Fonction du langage » de Laurent Binet

— Par Thierry Clermont —

laurent_binetLe romancier a été récompensé pour son polar sémiologique, La Septième Fonction du langage.

Laurent Binet est le lauréat du prix interallié 2015 pour son second roman, La Septième Fonction du langage, publié chez Grasset. Il succède au palmarès à Mathias Menegoz (Karpathia). Dans son roman aux allures de thriller loufoque, et qui file sur les chapeaux de roue, Laurent Binet nous conte avec humour, dérision, érudition et pédagogie l’histoire de la sémiologie et de ses satellites à travers ses grandes icônes des années 1970: Roland Barthes au premier chef, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Louis Althusser…

Bref, les ténors de ce qu’on appelle la «French Theory». Au passage, le romancier se paye la tête de quelques autres personnalités telles que Philippe Sollers ou Bernard-Henri Lévy. Dès les premières pages, il embarque le lecteur dans les méandres intellectuels et littéraires de la vie parisienne, à travers les tribulations rocambolesques d’un inspecteur et d’un jeune thésard, de Paris à New York, en passant par Bologne, Venise et Naples.

On y croise également de mystérieux espions bulgares, des dealers et des gigolos, la faune glauque ou dorée du Palace, alors au faîte de sa gloire, sans oublier Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand. Les «Trente Glorieuses» tiraient alors leur révérence. La Septième Fonction du langage a aussi été couronné par le Prix du roman Fnac, en septembre dernier.

Laurent Binet n’est pas un inconnu. Son premier roman, publié il y a cinq ans, HHhH, centré sur l’assassinat à Prague du dirigeant nazi Reinhard Heydrich, en 1942, a rencontré un grand succès, aussi bien en France qu’à l’étranger. Vendu à plus de 220.000 exemplaires (dont 155.000 en poche), ayant attiré plus de 100.000 lecteurs en Grande-Bretagne, 75 000 en Espagne et 40 000 aux États-Unis….
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« A Bologne, il couche avec Bianca dans un amphithéâtre du XVIIe et il échappe à un attentat à la bombe. Ici, il manque de se faire poignarder dans une bibliothèque de nuit par un philosophe du langage et il assiste à une scène de levrette plus ou moins mythologique sur une photocopieuse. Il a rencontré Giscard à l’Elysée, a croisé Foucault dans un sauna gay, a participé à une poursuite en voiture à l’issue de laquelle il a échappé à une tentative d’assassinat, a vu un homme en tuer un autre avec un parapluie empoisonné, a découvert une société secrète où on coupe les doigts des perdants, a traversé l’Atlantique pour récupérer un mystérieux document. Il a vécu en quelques mois plus d’événements extraordinaires qu’il aurait pensé en vivre durant toute sa vie. Simon sait reconnaître du romanesque quand il en rencontre. Il repense aux surnuméraires d’Umberto Eco. Il tire sur le joint. »

Le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980. L’hypothèse est qu’il s’agit d’un assassinat. Dans les milieux intellectuels et politiques de l’époque, tout le monde est suspect…