Patrick Chamoiseau de nuit (2/2)

« L’heure Bleue » de Laure Adler : 53 minutes

Contes créoles et mythologies personnelles… A l’occasion de la parution de son livre “Le Conteur, la nuit et le panier” (Seuil), Patrick Chamoiseau nous emmène dans une balade qui, à l’image de son œuvre littéraire, mêle imaginaire foisonnant et pensée politique.

Idées préconçues, déjà-vu, déjà-dit, imposé, convenu… On a toujours cru que le syndrome de la page blanche était le mal des écrivains en panne d’inspiration, mais pour Patrick Chamoiseau, c’est bien “vider la page” qui permet d’entrer dans le processus créatif. Partant de l’extraordinaire émergence de la figure du conteur créole, il interroge dans son dernier livre “Le Conteur, la nuit et le panier” (Seuil) son propre travail d’écrivain, sa mémoire intime et les mystères de la création. 

À écouter  –  CULTURE

La lucidité-oxygène de Patrick Chamoiseau (1/2)

 

54 min

Créer, c’est dépasser l’ordre établi, qui n’est autre, dans les Antilles du XVIIe siècle, que l’ordre esclavagiste. Parler le jour, c’est prendre le risque d’être “transformé en panier”, selon un vieux proverbe créole qui amuse Patrick Chamoiseau. 

Le conte émerge donc la nuit, moment poétique par essence : celui de l’invisible, où les peurs intimes tourmentent et où les fêtes se donnent, où le réel a moins de prise et où l’imaginaire surgit. Le moment où finalement, l’ordre esclavagiste est le plus faible. Voilà comment un vieil ouvrier agricole se mue en maître de la parole. 

La création est toujours un moment catastrophe, que le peintre Paul-Klee qualifiait de “chaos-germe” : les stimulations viennent de partout, tous les anciens regards sont mis de côté, il faut alors composer quelque chose d’autre. 

Aujourd’hui, Patrick Chamoiseau trace le portrait d’une société où les gens n’arrivent plus à se poser en créateurs. Il est essentiel, selon lui, de retrouver l’esprit de la création, et de porter par la politique culturelle le plus grand soin à l’individu en tant que créateur de soi et du monde dans lequel il se trouve. 

Musiques : 

  • Henri Salvador, « Dans mon île »
  • Arthur H, « La cohée du lamentin »
  • Céleste, « Love is back »

Archives : 

  • Archives Ina du 12 mars 1994 : Edouard Glissant  à propos de sa passion pour la parole et les contes

Générique Veridis Quo des Daft Punk

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