« On se dirige vers une paupérisation des artistes »

— Par Philippe Gautier, secrétaire général du SNAM-CGT —
Le chômage partiel est-il une solution à l’annulation des festivals d’été ?
Le chômage partiel, c’est valable pour les contrats ou les promesses d’embauche. Pour les festivals, les engagements des artistes à forte notoriété étaient formalisés, mais pas ceux de la masse des artistes. Même pas une formalisation relative, une promesse d’embauche. L’intérêt du chômage partiel va s’estomper avec la fin du printemps, car les contrats ne sont plus signés depuis le 17 mars. Ensuite, le ministère de la Culture a fait savoir que les artistes au cachet seraient éligibles mais le décret a tardé à sortir [il a été publié le 15 avril, NDLR]. Enfin, il y a le GUSO, avec une masse salariale annuelle brute de 150 millions et très important dans la musique. Pour l’instant, il n’y a pas d’interfaçage entre le GUSO et l’activité partielle pour ceux qui avaient des contrats.
Quelles solutions chercher ?
Nous avons entendu le président de la République parler d’aides spécifiques. Jusqu’ici, elles n’étaient pas possibles. Elles vont peut-être le devenir. Nous allons mettre en ligne une pétition sur l’assurance chômage. Quand on pensait qu’on compterait le confinement en semaines, on revendiquait la neutralisation de la période. Maintenant, il faut compter en trimestres. Cela veut dire qu’à partir du moment où l’activité sera reprise, chaque intermittent devrait disposer d’encore un an avant d’être en fin de droits. Mais, après notre accord « raisonnable » de 2016 sur l’assurance chômage, les intermittents du spectacle sont ceux qui ont le salaire de remplacement le plus faible par rapport à leur salaire antérieur. La situation entraînera de faibles allocations et une paupérisation des artistes. À laquelle va s’ajouter une baisse de recettes pour ceux qui bénéficient de revenus d’auteurs compositeurs ou de recettes de droits équitables et de la copie privée.
Des signes d’espoir ?
Dans cette crise, beaucoup de solutions partent du bas. Les gens commencent à se remuer. On le voit à des signaux multiples. Nous recevons plus d’adhésions que nous n’en avons jamais eu. Il y a un besoin d’agir collectivement, de faire front ensemble.
PROPOS RECUEILLIS PAR YVES PERENNOU