On ingère en moyenne 4 kg d’additifs par an, un chiffre inquiétant révélé par une étude scientifique

— Par Mathilde Le Petitcorps —

Alors que les études alertant sur la toxicité des additifs alimentaires sont de plus en plus nombreuses, des chercheurs français révèlent un chiffre alarmant : en France, nous en ingérons en moyenne 4 kg par an et par personne. Et une variété importante d’additifs différents. Ce cocktail chimique inquiète les scientifiques.

4 kg, c’est la quantité moyenne d’additifs alimentaires que nous avalons, en France, par personne, chaque année. Ce chiffre alarmant révèle que nous sommes très exposés à des produits toxiques, comme les édulcorants artificiels, les émulsifiants ou encore les colorants. Il est avancé par l’association de consommateurs UFC-Que choisir, qui l’a calculé à partir d’une étude menée par des chercheurs en épidémiologie nutritionnelle de l’université de Paris-13 et du Réseau national alimentation cancer recherche (Nacre). Cette étude a été publiée le mois dernier dans la revue scientifique Nature.

« Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées intentionnellement aux aliments pendant la transformation, l’emballage, le transport ou le stockage, est-il rappelé dans l’étude. Ils sont utilisés à diverses fins technologiques, sensorielles et nutritionnelles, telles que prolonger la durée de conservation, édulcorer, modifier ou stabiliser la consistance, rehausser le goût et rehausser ou préserver la couleur. »

L’équivalent de deux carrés de sucre par jour

Avec un marché mondial « dépassant les 64 milliards de dollars, des dizaines d’additifs alimentaires sont ingérées quotidiennement par des milliards de personnes dans le monde », indiquent les chercheurs qui ont voulu connaître alors la quantité consommée par chaque individu et les types d’additifs les plus avalés.

Pour y répondre, ils ont évalué, depuis 2009, la présence de 90 principaux additifs dans l’alimentation de 106 489 adultes volontaires participants à l’étude.

ls sont alors arrivés à la conclusion que nous en consommions, en moyenne, 155,5 milligrammes par jour et par kilogramme de poids corporel. « Rapporté au poids moyen des Français (72,4 kg), cela signifie que nous ingérons quotidiennement 11,3 grammes d’additifs… soit l’équivalent de deux carrés de sucre par jour, ou encore 4 kg par an ! », détaille l’UFC-Que choisir.

Quant aux 5 % les plus exposés, les plus gros consommateurs d’aliments ultratransformés, ils en avalent en moyenne 25 grammes par jour, soit près de 10 kg par an.

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La dangerosité de certains additifs vérifiée

En plus de cela, les chercheurs ont pu identifier avec précision les additifs ingérés. Les amidons modifiés et l’acide citrique sont ceux qui ont été retrouvés chez le plus grand nombre de personnes, 90 % des participants en avaient consommé. Si l’acide citrique ne pose a priori pas de danger, certaines formes d’amidons modifiés sont suspectées de favoriser les maladies rénales et cardiovasculaires.

D’autres additifs pour lesquels des effets néfastes potentiels sur la santé ont été suggérés par des études expérimentales récentes ont également été retrouvés, tels que des lécithines chez 86,6 % des participants, des mono- et di-glycérides d’acides gras chez 78,1 % des consommateurs, ou encore des nitrites de sodium chez 73,9 % des personnes. Parmi les 50 additifs les plus retrouvés dans l’alimentation des participants à l’étude, un tiers est suspecté d’effets néfastes sur la santé.

Un effet cocktail ?

Les scientifiques alertent également sur un potentiel effet cocktail. Si le danger de certains additifs est connu, le mélange de plusieurs d’entre eux pourrait être encore plus nocif. « Cela devrait être exploré dans de futures études épidémiologiques et expérimentales », précisent les chercheurs.

« L’idéal c’est de limiter sa consommation d’aliments ultra-transformés, comme plusieurs autorités de santé publiques à travers le monde le recommandent, rappellent les experts. Récemment, des preuves se sont accumulées suggérant une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés, qui contiennent généralement un large éventail d’additifs alimentaires, et un risque accru de plusieurs maladies chroniques. »

Source : Ouest-France