La chanteuse, comédienne et danseuse Nicole Croisille est décédée le 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie. Artiste aux multiples talents, elle laisse derrière elle une carrière de plus de six décennies, marquée par une grande diversité de styles et de registres.
Née le 9 octobre 1936 à Neuilly-sur-Seine, Nicole Croisille était la fille unique de Jean Croisille, accompagnateur de voyages, et de Germaine Decorde, pianiste amatrice. Elle grandit dans un environnement sensible à la musique classique, bercée par les œuvres de Chopin et Liszt que sa mère jouait à la maison. Formée dès son plus jeune âge à la danse classique, elle manifeste très tôt un fort désir de scène, malgré les réticences de son père. Adolescente, elle découvre le jazz dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, une révélation qui influencera durablement son parcours.
À la fin des années 1950, elle se forme au mime auprès de Marcel Marceau et intègre sa troupe pour une tournée en Amérique du Sud en 1957, puis aux États-Unis en 1960. Passionnée par les comédies musicales américaines, elle enchaîne les engagements outre-Atlantique : meneuse de revue à Reno, chanteuse au Playboy Club de Chicago, participation à la tournée des Folies-Bergère à New York. Cette période forge son identité artistique, marquée par une voix chaude et un sens du rythme très personnel.
Sa rencontre en 1966 avec le réalisateur Claude Lelouch et le compositeur Francis Lai marque un tournant. Ensemble, ils enregistrent la bande originale du film Un homme et une femme, en duo avec Pierre Barouh. Le thème musical, reconnaissable à ses célèbres « Da ba da ba da », devient un succès international. Nicole Croisille devient dès lors l’une des interprètes récurrentes des musiques de films de Lelouch, notamment Vivre pour vivre (1967), Les Uns et les Autres (1981), Itinéraire d’un enfant gâté (1988) ou encore Il y a des jours… et des lunes (1990).
Dans les années 1970, elle rencontre le succès en tant que chanteuse de variétés. Ses titres Parlez-moi de lui (1966), Téléphone-moi (1974), Une femme avec toi (1975) et La Garonne (1977) deviennent des classiques du répertoire populaire. À 40 ans, elle triomphe sur la scène de l’Olympia, où elle se produit notamment en 1976 et 1978. Refusant d’être cantonnée à un seul genre musical, elle alterne variété, jazz — avec l’album Jazzille en 1987 — et music-hall.
Au début des années 1990, elle revient à son amour de jeunesse : la comédie musicale. En 1992, elle incarne le rôle-titre de Hello Dolly sur la scène du Théâtre du Châtelet, entourée d’une troupe américaine. Suivront des rôles dans Follies (2013), Cabaret (2014) ou Irma la Douce (2015), où elle retrouve l’esprit de troupe et la dynamique du théâtre musical.
Elle s’illustre également dans la comédie au théâtre, notamment dans Folle Amanda (1996), Coup de soleil (1999) ou plus récemment Hard (2018). Au cinéma, elle apparaît dans La Cage dorée (2013) et à la télévision, elle est notamment remarquée en 2005 dans le rôle d’Yvonne Le Bihan dans la série Dolmen, diffusée sur TF1, qui réunit jusqu’à 12 millions de téléspectateurs par épisode.
En 2006, elle publie une autobiographie, Je n’ai pas vu passer le temps (Le Cherche Midi), coécrite avec Thierry Lecamp, dans laquelle elle revient sur les grandes étapes de sa vie et de sa carrière, sans chercher à en romancer le fil.
Discrète sur sa vie privée, Nicole Croisille s’est toujours définie avant tout comme une artiste de scène. « Chanter, danser et jouer, c’est la vie que j’avais envie de mener », disait-elle. Elle l’a menée avec constance, passion et une exigence artistique rarement démentie.
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