Michael Connelly «Suivre l’inspecteur Bosch depuis 20 ans me permet de mener une étude politique»

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« La jubilation du lecteur tient dans les errances et les impasses de l’enquête. Bosch est celui qui remet tout en question, tout le temps. Nul axiome ne lui résiste.»
Le Point

1992. Los Angeles est en proie aux émeutes et les pillages font rage quand Harry Bosch découvre, au détour d’une rue sombre, le cadavre d’Anneke Jespersen, une journaliste danoise. À l’époque, impossible pour l’inspecteur de s’attarder sur cette victime qui, finalement, n’en est qu’une parmi tant d’autres pour la police déployée dans la ville en feu. Vingt ans plus tard, au Bureau des Affaires non résolues, Bosch, qui n’a jamais oublié la jeune femme, a enfin l’occasion de lui rendre justice et de rouvrir le dossier du meurtre. Grâce à une douille recueillie sur la scène de crime et une boîte noire remplie d’archives, il remonte la trace d’un Beretta qui le met sur la piste d’individus prêts à tout pour cacher leur crime. Anneke faisait peut-être partie de ces journalistes qui dérangent quand ils fouillent d’un peu trop près ce que d’autres ont tout intérêt à laisser enfoui…

L’ouvrage a fait partie de la sélection Publishers Weekly des meilleurs livres de l’année 2012.

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Harry Bosch, désormais au bureau des affaires non résolues, rouvre un dossier qu’il n’a jamais oublié, celui de 1992… La cité des Anges, théâtre d’émeutes après l’acquittement des flics qui ont tabassé Rodney King, était alors la proie des flammes. Un retour aux fondamentaux pour l’inspecteur « né » il y a 23 ans dans « les égoûts de Los Angeles », toujours là « Dans la ville en feu»… Sur la piste du meurtrier d’une journaliste danoise, Harry s’intéresse encore aux dealers, aux vétérans du Golfe… mais, depuis plus de 20 ans, la plume de Connelly s’est affûtée, et l’ex-journaliste est passé gros calibre du polar bien ancré dans le réel.

HD. Avant de devenir romancier, vous avez suivi les crimes et la justice en tant que journaliste. En quoi cela vous aide-t-il à écrire vos histoires ?

MICHAEL CONNELLY. Dans le journalisme, on a des dates de rendu à respecter. On ne peut pas dire: « Je n’y arrive pas aujourd’hui. » Je fais de même comme écrivain. J’écris tous les jours. J’écris au moins un livre par an, et j’en serais incapable si je n’avais pas été journaliste. Le journalisme m’a plongé dans l’univers sur lequel j’écris. Je connais beaucoup de vrais enquêteurs, d’avocats, j’ai fréquenté les palais de justice, assisté à des procès. Ma manière d’écrire est aussi très journalistique. J’ai appris la concision. Elle crée une facilité de lecture qui contribue au succès de mes livres.

HD. Pourquoi revenir sur les émeutes de Los Angeles en 1992 ?

M. C. Je n’arrive pas à croire qu’Harry Bosch existe depuis 20 ans. C’est pour cette raison que je suis retourné sur ce passé. C’est vrai pour d’autres années, mais, en 1992, les émeutes ont été un tremblement de terre pour la ville, un cataclysme social. Elles ont interrogé notre société. Je voulais voir où nous en étions, 20 ans plus tard, si d’autres événements de ce genre pouvaient survenir aujourd’hui. J’écris un roman policier qui repose sur un mystère.
Mais, au-delà de l’enquête, je mène une réflexion sur la société et je pose des questions.

HD. Que vous inspire l’incapacité d’Obama à résoudre la question raciale ?

M. C. Je ne sais pas si un président, ou son administration, peut mettre fin à ces problèmes. Je n’absous pas l’administration d’Obama, mais je ne vais pas le lui reprocher. Des choses auraient pu être faites depuis longtemps. Pour moi, il s’agit d’abord d’une question d’opportunités ratées. Les clivages raciaux sont certainement l’une des raisons majeures du manque d’opportunités. Obama essaie d’en créer. Mais, politiquement, c’est très compliqué car l’opposition rechigne à soutenir des gens qui ne voteront pas pour elle. Cela conduit à un marasme politique.
Mais mon livre pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Ma question est d’abord: « Les événements de 1992 peuvent-ils se reproduire aujourd’hui ? » Je réponds par l’affirmative, parce que, en 20 ans, nous n’avons pas fait progresser les opportunités, comme un meilleur accès à une bonne éducation…

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