Max Diakok et le gwoka

— Par Selim Lander —

Max DiakokUn danseur venu de Guadeloupe avec ses deux tambourinaires présentait ses créations samedi 23 février au CMAC. Le prologue a déçu : une gestuelle trop souvent visitée de l’homme (l’esclave ?) qui se libère peu à peu de ses chaînes, sur une musique de supermarché, les deux tambours restant dissimulés sous un voile noir. Le danseur est habillé d’un pantalon blanc et d’une chemise en filet qui lui confère une allure androgyne, sans qu’on sache très bien dans quel but. Par contraste, peut-être, la deuxième séquence nous a paru la plus convaincante : les gwoka enfin entrés dans la danse, Max Diakok se lance dans une série de marches, variées, avec des roulades d’yeux particulièrement expressives, l’humour des mimiques renforçant le dynamisme des déplacements. Il a troqué à ce moment-là son haut en filet pour une veste d’homme de meilleur aloi. Dans les deux séquences suivantes, il sera torse nu, exhibant une musculature parfaite sur un corps fin de danseur : plastique parfaite qui n’est pas pour rien dans l’admiration que suscite sa performance. Dans la troisième séquence – les gros ka sont de nouveau au repos –, on entend la mer, des chants d’oiseaux, puis une mélodie douce au piano. Le danseur se livre à des exercices plutôt ésotériques, qui traduisent sans doute plus spécialement « la gestuelle et l’imaginaire des rituels léwòz de Guadeloupe » évoqués dans le programme de la soirée. Retour des tambours pour l’ultime séquence, tandis que Max Diakok s’emploie à dérouler puis renrouler une bande de tissu, illustrant ainsi la volonté annoncée d’« accueillir les traces des ancêtres tout en balisant son chemin de l’ombre vers la lumière ». Une diversion congrue lorsque les deux tambourinaires abandonnent leur instrument pour cerner le danseur, alors prostré, tout en continuant à marquer le rythme sur leur propre corps.

 

La chorégraphie est très sobre,  peut-être trop, avec beaucoup de piétinements, d’étirements, sans guère de prouesse acrobatique. Le propos du danseur est autre : il nous invite à pénétrer dans son « univers onirique, entre terre et ciel, « entre équilibre et déséquilibre ». Libre à chacun de l’y suivre, ou pas, suivant sa sensibilité ou son humeur du moment.

Le 23 février 2013 au CMAC de Fort-de-France.