Un nouveau parti politique fait son entrée dans le paysage martiniquais. Baptisé Pour Le Peuple (PLP), il a été officiellement inscrit au Journal officiel le 23 septembre 2025. Cette formation est le prolongement du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), un mouvement citoyen né en 2024 dans le sillage des mobilisations contre la vie chère.
Le PLP se présente comme un outil citoyen, pensé « par le peuple et pour le peuple », destiné à offrir aux Martiniquais un cadre d’action politique et démocratique. Selon son président, Rodrigue Petitot, également à la tête du RPPRAC, cette initiative marque une étape décisive après « plus d’un an de lutte déterminée » contre les inégalités économiques sur l’île.
Une démarche participative
Le nom du parti a été choisi collectivement lors d’une réunion tenue le 30 août 2025, au siège du RPPRAC à Dillon, à l’issue du Matinik Tour. Cette tournée, menée pendant les grandes vacances, a permis aux fondateurs de rencontrer la population, en Martinique comme dans l’Hexagone, afin de recueillir leurs attentes et préoccupations.
Le PLP revendique un socle de cinq valeurs fondatrices :
-
Intégrité (transparence, honnêteté)
-
Respect (égalité, tolérance)
-
Solidarité (entraide, partage)
-
Engagement (responsabilité, persévérance)
-
Fraternité (amour, paix, loyauté)
Ces principes doivent, selon ses initiateurs, guider l’action du parti dans le débat public.
Un projet politique en construction
Si le PLP ne dispose pas encore de son agrément officiel, les démarches sont en cours. Les responsables annoncent également l’ouverture prochaine des adhésions, avec pour ambition de structurer le parti à l’échelle du territoire. Interrogé sur une éventuelle participation aux prochaines élections, Rodrigue Petitot a affirmé vouloir « faire émerger des candidats porteurs de l’idéologie du RPPRAC » à travers cette nouvelle formation.
La création du PLP intervient alors que se profilent les élections municipales de 2026, un rendez-vous électoral qui pourrait marquer la première entrée du parti sur la scène institutionnelle.
Un militantisme issu du terrain
Figure montante du militantisme en Martinique, Rodrigue Petitot s’est fait connaître à l’automne 2024 par ses actions spectaculaires, notamment des blocages de supermarchés pour dénoncer les prix élevés des produits alimentaires, jusqu’à 40 % supérieurs à ceux pratiqués dans l’Hexagone selon l’Insee.
Ces mobilisations ont été marquées par des tensions, incluant des affrontements avec les forces de l’ordre. Condamné en décembre 2024 pour des menaces envers des élus, il a purgé une peine de prison ferme aménageable avant d’être libéré au printemps 2025. Il a également écopé d’un an de prison avec sursis pour une intrusion dans la résidence du préfet.
Malgré ce parcours judiciaire, le RPPRAC et son président ont joué un rôle actif dans les négociations ayant abouti, en octobre 2024, à un accord sur la baisse de prix d’environ 6.000 produits alimentaires en Martinique. Ces discussions avaient réuni représentants de l’État, distributeurs, élus et acteurs associatifs.
Une dynamique à suivre
La transformation du RPPRAC en parti politique témoigne d’une volonté de structurer une démarche citoyenne dans la durée, en réponse à une crise sociale persistante. Le PLP souhaite désormais participer au Congrès des élus des 8 et 9 octobre 2025, pour y faire entendre ses propositions.
À l’approche d’échéances électorales importantes, l’arrivée du PLP pourrait bousculer les équilibres traditionnels de la vie politique martiniquaise, en portant une voix issue directement des luttes sociales.