L’Habitation Fond Rousseau

Rachetée, il y a peu de temps par un groupe guadeloupéen (groupe Manioukani), l’Habitation Fond Rousseau, à Schoelcher, est en pleine restructuration. Située sur la commune de Schoelcher, l’Habitation se trouve en contrebas du quartier de Terreville, au lieu-dit Case-Navire (derrière la piscine municipale). Elle est au bord de la rivière qui porte le même nom.

Une Habitation du XVIIe siècle

On date les premières constructions au XVIIe siècle. Ce n’étaient alors que des abris précaires inspirés des carbets et ajoupas.
La maison de maître que l’on voit aujourd’hui, n’est pas celle d’origine, mais elle a été reconstruite sur les fondations de la dernière en date. A ses côtés, des dépendances. Et elles sont nombreuses : la maison du géreur, la cuisine, le garage où l’on garait les calèches, la maison des domestiques, les cases des travailleurs, les magasins (stockage), les chais, etc. Et l’usine et son four à charbon de bois. Car on y a fabriqué jusqu’au début du XXe siècle du rhum. Les visiteurs apprécieront les deux roues faisant fonctionner l’usine. La première, une roue à aubes, la seconde, une roue actionnée par la chaudière et le générateur de vapeur.

Des essences remarquables

Après les divers espaces, le public ne manquera pas de faire le tour du jardin où de nombreuses essences méritent que l’on s’y arrête, comme cet arbre dit « à boulets de canon » ou un palmier à huile particulièrement rare et un zamana majestueux. Des sculptures aussi font partie de ce jardin, sculptures de messieurs Césaire, Fanon et Aliker.

Un peu d’histoire…

L’histoire de Fond Plumet, ancien nom de l’habitation remonte au XVIIe siècle :
1671 : Gabriel Turpin (juge) et sa soeur Marie possèdent deux habitations-sucreries mitoyennes.
1687 : Tentative d’élevage de vers à soie. Le domaine se voit érigé en vicomté.
1770 : La famille Hurault de Manoncourt, descendants de l’époux de Marie, deviennent propriétaires.
1792 : Une partie de l’habitation appartient à Jean Ainé, l’autre à Georges Maurice.
1801 : Les époux Percin s’en portent acquéreurs. …/…
1858 : Gabrielle Odile de Percin revend la moitié à un M. Asselin de Monnerville. Mais ne pouvant payer les créances, la propriété lui revient en 1880. 1853 : Vente à la famille Assier de Pompignan
1864 : Vente à Pierre Ducreux 1866 : Vente à Charles Chicot
1878 : La succession Chicot vent à Louis Monnerville
1879 : Vente à la famille Lapeyre 1890 : Vente à Auguste Cottrell
1802 : Suite à l’éruption de la montagne Pelée, la colonne à distiller de l’usine CharlesRousseau (important négociant) est transporté à Fond Plumet. L’habitation prend son nom de Fond Rousseau. …/…
1913 : La propriété passe aux mains de Gaston Louveau de la Guigneraye.
1936 : Suite à une faillite, la propriété passe à Louis Félix Gros-Dubois.
1964 : A la mort de Félix Gros-Dubois, la propriété est divisée entre ses 6 enfants. La veuve Alice Duchamp de Chastaigné en conserve l’usufruit.
1971 : Madame Cardan rachète des hectares qu’elle revendra à la SCI Fish.

Source : France-Antilles

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Nichée au cœur de la vallée, traversée par le murmure apaisant de la rivière Madame à Schœlcher, se dresse majestueusement l’Habitation Fond Rousseau, témoin immuable de deux siècles tumultueux d’histoire martiniquaise. Érigée au milieu du XVIIe siècle par Gabriel et Marie Turpin, cette ancienne sucrerie s’étendait sur plus de 150 hectares, cultivant non seulement la canne à sucre, mais aussi le pétun. Au fil des décennies, elle a connu des mutations, des héritages, des transformations, pour devenir ce joyau patrimonial que nous connaissons aujourd’hui.

Le nom même de cette habitation, qui a jadis résonné sous l’appellation de Fonds Plumet, porte les marques du passé. Il évoque l’histoire douloureuse d’une éruption dévastatrice, celle de la Montagne Pelée en 1902, qui effaça une usine à Saint-Pierre. C’est ainsi que Charles Rousseau, épris de sa terre et de son héritage, achemina jusqu’ici une colonne à distiller, symbole de toute une économie réduite en cendres. Fond Rousseau prit alors son nom actuel, empreint d’une mémoire tragique mais résiliente.

Acquise par la famille Hurault de Manoncourt au XVIIe siècle, cette habitation se transforma peu à peu en un fief prospère, explorant de nouvelles cultures, comme celle du mûrier pour l’élevage du ver à soie. Chaque pierre de ses bâtiments, chaque racine d’arbre centenaire, chaque recoin de son domaine raconte une histoire, celle d’une terre féconde, façonnée par le labeur, la passion et les rêves de ses propriétaires successifs.

Aujourd’hui, l’Habitation Fond Rousseau revit sous l’égide bienveillante du groupe guadeloupéen Manoukiani, fondé par les médecins Pierre et Corinne Sainte-Luce. Résolus à préserver ce patrimoine vivant, ils ont restauré ces lieux avec amour, redonnant vie à ses murs de pierre et à ses toits de brique. Dans ce cadre exceptionnel de 4 hectares, où se mêlent harmonieusement la splendeur de la nature et le témoignage de l’histoire, se déploie un ensemble architectural remarquable.

La maison de maître, les dépendances, la maison du géreur, les cases des esclaves, les bâtiments industriels, tout ici évoque le passé glorieux et parfois douloureux de la Martinique. Au détour d’une visite commentée lors des journées du Patrimoine, les visiteurs peuvent plonger dans l’intimité de ces lieux chargés d’émotions et d’anecdotes.

À l’ombre des arbres centenaires, au bord de la rivière Case-Navire, se dessine un tableau où se mêlent les échos du passé et les promesses de l’avenir. L’Habitation Fond Rousseau demeure ainsi bien plus qu’un simple lieu historique : c’est un symbole de résilience, de culture et d’engagement, où se conjuguent le respect du patrimoine et le désir de partage. Dans cet écrin préservé, chaque visiteur est invité à découvrir les trésors cachés de notre histoire, à s’immerger dans la beauté de ce paysage et à ressentir l’âme vibrante de la Martinique.

M’A