L’éphéméride du 25 mars

Ouverture des premiers J.O. modernes le 25 mars 1896

25 mars 1941 : André Breton, sa femme Jacqueline Lamba et leur fille Aube embarquent à Marseille pour New York, via Fort-de-France. Max Ernst, Wifredo Lam, Claude Lévi-Strauss, André Masson et Victor Serge les accompagnent.

25 mars 1965 : la troisième marche de Selma à Montgomery arrive finalement à destination.

Les Jeux olympiques de 1896, également nommés Jeux de la première olympiade, en grec Ολυμπιακοί Αγώνες, sont organisés en 1896 à Athènes en Grèce. Ce sont les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne organisés par le Comité international olympique. Ils se déroulent du 6 au 15 avril 1896, neuf jours de compétition pendant lesquels 241 sportifs s’affrontent dans neuf sports différents pour un total de 122 médailles.

C’est à l’issue d’un congrès organisé en 1894 à Paris par le Français Pierre de Coubertin qu’est créé le Comité international olympique (CIO) et que la capitale grecque est désignée première ville hôte de l’événement olympique. Ce congrès décide également de l’exclusion des sportifs professionnels et des femmes au profit de l’amateurisme et du sexe masculin.

Bien que le nombre de sportifs présents soit assez faible comparé aux chiffres des éditions plus récentes, c’est la première fois qu’une réunion sportive rassemble autant de participants. Et malgré l’absence de quelques-uns des meilleurs athlètes de l’époque, les Jeux connaissent un vif succès auprès du public grec. Pour les Grecs, la victoire de leur compatriote Spyrídon Loúis dans le marathon en est l’un des grands moments. Le sportif le plus titré à l’issue des neuf jours de compétition est le lutteur et gymnaste allemand Carl Schuhmann, sacré champion olympique à quatre reprises.

Héritage antique
Dans la Grèce antique, les Jeux olympiques sont des compétitions athlétiques, hippiques et de lutte qui honorent Zeus, divinité suprême de la religion grecque. Ils sont organisés tous les quatre ans à Olympie depuis 776 av. J.-C., la plus ancienne évocation, bien qu’il soit probable qu’ils aient été créés auparavant. Entre les cérémonies religieuses et les sacrifices, des épreuves sportives sont organisées, la plus ancienne étant la course à pied. Vient s’ajouter un pentathlon, une épreuve combinant course, lancer du disque, lancer du javelot, lutte et saut en longueur. Sont également disputées des épreuves uniques de lutte, de pugilat, de pancrace et des courses à chevaux. Acclamés, les vainqueurs de ces épreuves sont récompensés par une couronne d’olivier. Ces Jeux olympiques prennent probablement fin en 393, à la suite de l’interdiction par l’empereur romain Théodose Ier des rites et lieux de culte païens.

Au xviiie siècle, la pensée des Lumières permet la redécouverte des Jeux antiques. C’est dans cette logique que se déroule la première Olympiade de la République dans la France révolutionnaire de 1796. Et tandis que les fouilles archéologiques s’intensifient au xixe siècle en Grèce, des intellectuels et des sociétés sportives organisent des manifestations témoignant d’un engouement nouveau pour le sport et les jeux sportifs. Sont ainsi organisés les Jeux scandinaves en 1834, les Jeux olympiques de Zappas en 1859 ou les Jeux de Munch Wenlock en 1869.

Organisation
Rénovation olympique

Bien qu’elles revendiquent l’héritage antique, toutes les précédentes tentatives de rénovation ne dépassent guère le cadre régional. Pierre de Coubertin, historien et pédagogue français persuadé de l’importance de l’éducation physique dans le façonnement des esprits, a lui également l’idée de faire revivre les Jeux olympiques en pensant davantage à un rendez-vous international ouvert à de nouvelles disciplines sportives.

Le 25 novembre 1892, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, le baron de Coubertin réunit des personnalités intellectuelles dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris pour leur faire part de son vœu d’attribuer une place plus importante à l’éducation physique dans les écoles françaises. Le Baron conclut son discours par un appel vibrant à la rénovation des Jeux olympiques antiques4 devant des personnalités politiques et artistiques, lesquelles accueillent favorablement cette idée sans pour autant permettre la concrétisation du rêve de Coubertin.

Le Français réitère sa tentative lors du congrès olympique de 1894 organisé à Paris à la Sorbonne du 16 au 23 juin. Le dernier sujet qui y est évoqué pose directement l’éventuelle restauration des Jeux olympiques, laquelle est entérinée à l’unanimité le dernier jour du congrès. La réunion prend une ampleur internationale grâce à la présence de personnalités ayant répondu favorablement à l’appel de Coubertin. Sont ainsi présents le roi des Belges Léopold II, le Prince de Galles, le diadoque Constantin ou William Penny Brookes, le créateur des Jeux olympiques de Much Wenlock. En l’absence de Ioannis Phokianos, l’organisateur des Jeux olympiques de Zappas, la Grèce est également représentée par Dimítrios Vikélas. Ce dernier se voit confier la direction de la commission chargée de traiter la question des Jeux.

Photo d’une partie du Comité International Olympique réunis autour d’une table pour signer des documents.
Une partie du premier Comité international olympique : debout : Gebhardt (Allemagne), Guth-Jarkovsky (Bohême), Kemeny (Hongrie), Balck (Suède) ; assis : Coubertin, Vikélas au centre, Boutowsky (Russie).
Selon les sources, plusieurs villes sont évoquées pour l’organisation des premiers Jeux olympiques tout comme la date de cet événement. L’idée originale de Pierre de Coubertin est que Paris accueille le rendez-vous olympique en 1900 à l’occasion de l’exposition universelle. Les autres membres du comité craignaient cependant que la longue attente ne défasse l’enthousiasme présent, ce qui explique le choix final de 1896. Londres et Budapest sont également évoquées mais c’est Athènes, proposée par Vikélas, qui est désignée à l’unanimité par les membres du congrès. En clôture du congrès de 1894 est décidée la création du Comité international olympique dont la présidence est attribuée à Vikélas10.

Proposant un retour aux sources de l’olympisme, la nouvelle de la désignation d’Athènes comme ville organisatrice est accueillie favorablement par le public et les médias grecs. Cependant, les difficultés économiques du pays font craindre des contretemps quant au financement des Jeux. Un rapport du comité d’organisation publié fin 1894 indique ainsi que le coût de l’organisation est trois fois plus élevé que prévu. Devant cet imprévu, le gouvernement de Charílaos Trikoúpis se désengage du financement des Jeux. Un comité d’organisation est alors créé par Coubertin qui a rejoint la Grèce en décembre 1894 pour parer aux diverses défections. Mais le comité est rapidement gagné par le pessimisme ambiant et par les divisions en son sein qui entrainent plusieurs démissions. Vikélas et le Diadoque Constantin interviennent alors en créant le Comité olympique hellénique, premier comité national olympique de l’histoire, dont la première mission est la collecte de dons. La diaspora grecque répond favorablement à cet appel puisque 330 000 drachmes sont envoyés en Grèce. Une série de timbres émis en 1896 permet d’amasser plus de 400 000 drachmes alors que la vente des places pour les compétitions en rapporte 200 000. Outre les apports financiers de la famille royale, l’homme d’affaires Georges Averoff finance entièrement la reconstruction du stade panathénaïque à hauteur de 920 000 drachmes11. Son mécénat, qui permet l’équilibre des finances, est honoré par l’édification d’une statue devant le stade, inaugurée la veille de la cérémonie d’ouverture le 5 avril 1896.

Construit vers 330 av. J.-C., ce stade accueillait les Panathénées durant l’Antiquité. Sa reconstruction est confiée au Grec Anastásios Metaxás. En forme de fer à cheval, les tribunes de l’enceinte sont presque entièrement recouvertes de marbre. La piste longue de 333,33 mètres respecte l’architecture en U du stade long quant à lui de 236 mètres. Au total, sa capacité d’accueil est de 69 000 places dont 50 000 assises.

Le stade panathénaïque accueille les épreuves d’athlétisme, de gymnastique, de lutte et d’haltérophilie. Les compétitions de tir se déroulent sur le nouveau terrain de Kallithéa, le cyclisme au vélodrome de Néon Phaléron, l’escrime dans le bâtiment des expositions Zappeion. Les matchs de tennis ont lieu au sein du Tennis Club d’Athènes, près des colonnes de Zeus. Enfin, les courses de natation ont lieu dans l’anse de Zéa, au Pirée.