L’éphéméride du 2 décembre

Création en France de la Société protectrice des animaux (SPA) le 2 décembre 1845.

La Société protectrice des animaux (SPA) est, historiquement en France, la première des sociétés de protection des animaux, qui œuvre dans le domaine de la protection animale.

En septembre 1843, Pierre Dumont de Monteux, médecin, est horrifié du spectacle qui s’offre à lui : un charretier malmène un cheval épuisé attelé à une carriole dans une rue de Paris, voyant l’homme le fouetter, le battre pour qu’il se relève et marche. « Où est la justice, où est la pitié, où sont enfin tous les sentiments moraux qui doivent caractériser l’homme social ? » s’indigne-t-il1.

Deux ans plus tard, en 1845, avec Étienne Pariset, il fait partie des pionniers qui fondent la Société protectrice des animaux, avec les encouragements du gouvernement. Elle est reconnue d’utilité publique quinze ans plus tard en 1860, par Napoléon III alors empereur des français.

La société agit pour assurer la protection et la défense des animaux. Elle gère des refuges, des fourrières, ainsi que des dispensaires de soins aux animaux, à Paris et dans de nombreuses villes de France. Elle intervient aussi contre les mauvais traitements aux animaux à l’aide d’un réseau de délégués-enquêteurs bénévoles et d’inspecteurs qui travaillent en lien avec la direction de l’association, afin de poursuivre en justice les personnes suspectées de mauvais traitement envers les animaux.

Historique
L’association est créée le 2 décembre 1845 par Pierre Dumont de Monteux, le préfet de police de Paris Gabriel Delessert, le vicomte Valmer et le docteur Pariset2,Note 1. Le docteur Étienne Pariset en est le premier président[réf. nécessaire]. Faisant suite à la création en Angleterre, en 1824, de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, elle est fondée comme elle, au départ, afin de protéger les chevaux d’attelage contre les abus4. Elle est reconnue d’utilité publique, par décret du 22 décembre 18605.

Depuis 1905, l’association lutte contre les expérimentations animales sur les chiens6. Camille du Gast préside l’association avant la Seconde Guerre mondiale. En 1976, l’association dépose la « charte de l’animal » à l’Assemblée nationale, soutenue par Roland Nungesser, qui deviendra par la suite un des présidents de l’association. En 1982, elle démarre la publication de la revue Animaux Magazine qui lui permet de mener des campagnes, à plus grande échelle6. En 1987, un groupe parlementaire d’étude est mis en place pour la protection animale à l’Assemblée nationale grâce à Roland Nungesser, son président de l’époque7. En 1992, elle crée la cellule anti-trafic pour démanteler les élevages clandestins. En 1993, elle travaille avec ses homologues européens et crée officiellement un service européen qui permet de faire évoluer les textes de lois au niveau de la Commission Européenne et du Parlement.

En juin 2013, de nouveaux membres sont élus au conseil d’administration, mettant fin à la période d’administration judiciaire provisoire ; à l’issue de la première réunion de ce nouveau conseil, ses neuf membres élisent à leur présidence, la journaliste et vétérinaire Natacha Harry8. En 2015, l’association fête ses 170 ans, ouvre ses premières « maisons SPA » et change son identité visuelle9.

En février 2016, à la suite de la vidéo dévoilée par l’association L214 sur le traitement des animaux dans l’abattoir bio du Vigan, l’association annonce se constituer partie civile aux côtés de L21410.

En juin 2016, Natacha Harry est réélue à la présidence de l’association avec 69 % des voix11.

Le 17 juin 2018, elle annonce qu’elle présentera sa démission lors du conseil d’administration de l’association le 16 juillet en raison des « violentes attaques dont [elle] fait l’objet »12.

Le 16 juillet 2018, le conseil d’administration élit Jacques-Charles Fombonne à la présidence de la SPA.

Activités
Fin 2014, l’association compte 150 000 donateurs, 23 000 adhérents, 3 000 bénévoles, 580 salariés et 1 000 délégués-enquêteurs. 62 refuges et « maisons SPA » accueillant et hébergeant des animaux sont répartis dans toute la France, ainsi que 12 dispensaires pour soigner les animaux des propriétaires démunis, une cellule anti-trafic pour démanteler les élevages clandestins, et 19 clubs jeunes pour sensibiliser les adolescents à la protection animale13.

En 2015, 46 015 animaux ont été accueillis dans les refuges, 38 311 animaux ont été adoptés grâce à l’association, 130 000 animaux ont bénéficié de soins, 3 271 animaux perdus ont retrouvé leur propriétaire, 650 animaux ont été sauvés d’élevages clandestins, 2 324 enquêtes ont été menées pour prévenir la maltraitance animale, 439 plaintes ont été déposées pour faire condamner les auteurs de maltraitance, 1 267 dossiers d’aides financières ont été traités13.

En 2018, 4000 bénévoles soutiennent de près ou de loin la SPA14.

Combats éthiques
En avril 2016, l’association lance une large campagne d’affichage dans une quinzaine de grandes villes de France pour « que cessent les cruautés infligées aux animaux en France ». Avec pour slogan « La torture c’est légal », la campagne se compose de trois affiches : l’une avec un agneau pour dénoncer les conditions d’abattage des animaux, une autre avec un lapin pour l’expérimentation et une dernière avec un taureau pour stigmatiser la corrida15. La campagne vise à « interpeller les politiques pour les sortir enfin de l’immobilisme » et se décline sur le web avec le hashtag #JeVousFaisUneLettre et un site dédié, permettant aux internautes d’interpeller les élus sur Twitter16. Une pétition contre la corrida est également mise en ligne17.

Polémiques judiciaires
En 2002 et 2009, deux rapports de la Cour des comptes relèvent une « gestion approximative » de l’association et remettent en cause le statut d’utilité publique de l’association et ses avantages fiscaux. En novembre 2009, un administrateur judiciaire provisoire est nommé afin de procéder à une évaluation complète de la comptabilité et d’organiser une réforme des statuts. Les nouveaux statuts sont approuvés par les adhérents le 5 décembre 2011, et un an plus tard par le ministre de l’Intérieur. En décembre 2013, Le Canard enchaîné publie un article mettant en cause la gestion de la mise sous tutelle de la SPA. Il y est principalement question des honoraires et des conflits d’intérêts touchant l’administratrice judiciaire, Michèle Lebosséde18.

Début 2016, l’« association des Vrais Amis de la SPA » (VASPA) a saisi les juges pour chercher à élucider les conditions dans lesquelles 20 millions d’euros se seraient évaporés entre 2004 et 2008. Au cœur de cette affaire : la revente par de mystérieuses sociétés civiles immobilières de biens immobiliers légués à l’association19.

Le 6 juin 2016, la presse et notamment le quotidien Le Parisien font état de plusieurs plaintes déposées en mars pour « usurpation de titre, escroquerie et abus de confiance, corruption active et passive, et prise illégale d’intérêt » provoquant l’ouverture d’une enquête préliminaire20,21.

Le 15 mars 2017, la Cour des comptes rend son troisième rapport sur la Société protectrice des animaux, « avec deux réserves : la défaillance du contrôle interne, qui n’a pas progressé depuis le précédent contrôle, à l’exception de l’amélioration de la gestion des legs ; l’insuffisance et le retard de la rénovation des sites, déjà critiqués par la Cour en 2002, alors que les réserves financières thésaurisées se sont accumulées, les fonds propres atteignant 68 M€ à la fin de 2015. ».