Tribune Agissons ensemble
25 novembre 2025
Alors que les violences faites aux femmes persistent et que les discours masculinistes gagnent du terrain, un collectif d’hommes appelle à rompre avec l’inaction masculine.
Des hommes ordinaires
Une femme sur trois subit au cours de sa vie des violences, commises dans plus de 90 % des cas par des hommes. Dans 97 % des cas de viols et 96 % des agressions sexuelles, les auteurs sont des hommes. Derrière ces chiffres, ce sont des millions de récits de douleur, de souffrance, d’injustice et de silence.
Il est essentiel de le rappeler : les auteurs de violences ne sont pas des cas isolés et n’ont pas de profil particulier. Ce sont des hommes ordinaires, de tous âges, tous milieux sociaux, toutes professions.
Certains d’entre nous ont découvert la violence dans leurs propres familles. D’autres l’ont côtoyée sans la voir. Tous, nous avons compris que le silence ne protège personne et en premier lieu jamais les victimes.
Une retenue qui laisse le champ libre
Face à ce constat, la majorité des hommes désapprouve, rejette, condamne ces violences. Mais beaucoup restent en retrait. Par indifférence ou par doute : est-ce notre place ? Que pouvons-nous vraiment faire ? Ne risquons-nous pas de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas ? Cette retenue laisse le champ libre aux auteurs de violence. Elle permet au sexisme ordinaire de prospérer, aux violences de se perpétuer. Ne rien faire, c’est laisser faire.
Un contexte qui rend l’urgence criante
Aujourd’hui, le contexte rend notre engagement d’autant plus urgent. Sur les réseaux sociaux, des discours masculinistes séduisent de plus en plus de jeunes garçons. Des influenceurs condamnés pour trafic d’êtres humains et viol cumulent des milliards de vues en vendant aux adolescents un modèle de virilité toxique déguisé en « développement personnel ». Sur TikTok, YouTube ou Instagram, des contenus misogynes se
diffusent massivement, présentant les femmes comme des adversaires à manipuler ou des objets à conquérir. Les cyberviolences envers les femmes atteignent une virulence inédite : partage de contenus sexuels sans le consentement, cyberharcèlement, raids numériques contre celles qui prennent la parole. Dans de nombreuses parties du monde, les droits des femmes reculent ou sont mis en péril.
L’impact social de ces violences est dévastateur, y compris pour notre économie : problèmes de santé, addictions, tentatives de suicides, arrêts de travail, invalidité, etc. Le rapport du Sénat en date du 2 juillet 2025, cite plusieurs études évaluant le coût sociétal annuel des violences conjugales à 3,6 milliards d’euros par an, rien qu’en France.
Nous ne pouvons plus tolérer ni rester inactifs face à la souffrance des femmes victimes.
Nos voix peuvent faire la différence
En tant qu’hommes, il est temps de reconnaître la réalité : nos voix, nos actes peuvent faire la différence. Nous ne pouvons plus être seulement témoins. Nous avons tous un rôle à jouer pour faire reculer ces violences qui menacent toutes les femmes, y compris nos mères, nos filles, nos partenaires, nos collègues, nos amies. Être solidaire, ce n’est pas seulement ne pas commettre de violence, c’est aussi passer à l’action.
Que faire concrètement ?
Nous pouvons agir à plusieurs niveaux.
Dans notre quotidien, cela commence par l’écoute et le respect, par l’égalité dans le foyer et le partage réel des tâches domestiques et parentales. Il ne s’agit pas “d’aider », mais de prendre notre part. Cela passe aussi par l’exemplarité auprès des jeunes garçons : les éduquer au consentement, au respect, à l’égalité. Leur montrer qu’être un homme ne signifie pas dominer, mais respecter.
Dans nos interactions sociales, nous pouvons intervenir dès qu’un propos sexiste est tenu. Dire simplement « cette blague n’est pas drôle, elle est dévalorisante pour les femmes » ou « ce comportement n’est pas acceptable » peut suffire. Ne plus rire par politesse. Ne plus laisser passer « pour ne pas plomber l’ambiance ». Recadrer un ami qui insiste lourdement en soirée. Signaler un collègue dont le comportement pose problème.
Dans notre entourage, nous pouvons questionner et faire évoluer nos comportements. Être de véritables acteurs de prévention auprès des autres hommes, auprès des garçons. Relayer la parole des femmes, défendre la cause, devenir des alliés actifs. Croire les victimes plutôt que de protéger les agresseurs qu’on connaît, même quand c’est difficile.
Par notre engagement, nous pouvons relayer des messages de prévention et de lutte contre les violences masculines, comme cette tribune. Apporter un soutien financier aux organisations féministes comme ONU Femmes France qui luttent sans relâche pour les droits des filles et des femmes, ou nous engager à leurs côtés.
Un combat collectif
Nous ne sommes pas les premiers hommes à prendre la parole. D’autres l’ont fait avant nous, d’autres le feront après. C’est par cette répétition, cette amplification collective que nous ferons bouger les lignes.
Les moyens de s’engager concrètement sont nombreux, mais quelle que soit la forme que cela prend, en tant qu’hommes, nous ne pouvons plus accepter de rester passifs face à ce déferlement de violence au quotidien. En ce 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’encontre des femmes, faisons entendre notre voix, agissons véritablement à leurs côtés.
Signataires tribune contre les violences faites aux femmes au 11/11/2025
Matthieu Arrault, Administrateur ONU Femmes France
Gilles Lazimi, Administrateur ONU Femmes France
David Pelicot, père et mari
Thomas Perraud, Administrateur ONU Femmes France
Bruno Solo, Comédien
Michel Cymes, médecin
Mory Sacko, Chef du restaurant étoilé Mosuke
Nagui, Père et mari
Vianney, Auteur-compositeur-interprète-parolier
Humbert de Freminville, Professeur associé en médecine générale
Pierre-Yves Ginet, Consultant égalité, membre du Haut Conseil à l’Egalité
Jeremy Ferrari, Humoriste
Arnaud Tsamere, Comédien
Baptiste Lecaplain, Acteur
Florian Gazan, Journaliste et animateur
Philippe Caverivière, Humoriste
Hugo Marchand, Danseur étoile de l’Opéra de Paris et Directeur de l'association Hugo Marchand
pour la danse
Claude Richet, Administrateur du GAMS
François Fatoux, Consultant RSE et égalité femmes/hommes
Maxime Ruszniewski, Avocat
Anthony Babkine, Co-fondateur de l’association Diversidays & du Festival UNIQUES
Guillaume Richard, Directeur-Général de Oui Care (ou Président Fondateur Oui Care ?)
François Destribois, Directeur-Général de Hitachi
Didier Gustin, Acteur et humoriste
Paul de Saint Sernin, Comédien
Michel Jonasz, Interprète/compositeur
David Lacombled, Président La villa numeris
Nils Pedersen, Délégué Général du Pacte Mondial Réseau France
David Smetanine, Champion paralympique de natation
Samuel Arnold, Acteur
Abdelaali El Badaoui, président et fondateur de l’association Banlieues Santé
Timothée Delacôte, Délégué Général de la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE)
Francis Renaud, acteur
https://www.change.org/p/tribune-le-silence-des-hommes-doit-cesser-d-onu-femmes-france
