Le Discours antillais : la source et le delta

Colloque international les 4, 5 et 6 novembre 2019 en Martinique & Guadeloupe

Organisé par Dominique Aurélia et Laura Carvigan-Cassin

La fortune critique qu’a connu et que connaît encore Le Discours antillais quant à la réception de l’oeuvre conceptuelle d’Édouard Glissant doit certainement beaucoup à l’allure exhaustive de l’étude, tout entière placée dans son inspiration comme dans son ambition intellectuelle, sous l’épigraphe de Frantz Fanon : « une tâche colossale que l’inventaire du réel ». Or, c’est aussi cet aspect qui a étonné lors de la publication de l’ouvrage en 1981 au Seuil : il faut croire que cette ambition d’embrasser le réel de la société antillaise a également dérouté quant à la liberté de sa méthode, cette « hardiesse méthodologique » dont se revendique alors celui qui a déjà une œuvre littéraire derrière lui. Ce double effet dit en lui-même une fascination et un étonnement qui n’a pas cessé depuis la publication, dépassant les classifications. Ce paradoxe d’une réception critique dit certainement aussi la difficulté à percevoir correctement la place de l’ouvrage dans la réflexion d’Édouard Glissant, dont on a pu constater ultérieurement qu’elle ne pouvait s’apprécier qu’au gré du paradigme du mouvement. C’est à ce mouvement que s’est identifiée cette pensée, tout au long des développements souvent imprévisibles de l’oeuvre. Comment comprendre par exemple, au gré de ce mouvement, ce moment de l’« antillanité », au regard de la créolisation portée avec davantage d’intensité au tournant des années quatre-vingt-dix , réalisant ainsi le voeu d’unité éclatée du monde (1) vu par Édouard Glissant.
« Qu’est-ce que les Antilles en effet ? [sinon] Une multi-relation. » (2) ?
Parce que nous n’avons pas perdu nos voix, nous éluciderons comment tenir un discours sur ce Discours.
L’intention en ce Discours Antillais était, suivant les mots de Glissant lui-même, « d’accumuler à tous les niveaux.
L’accumulation est la technique la plus appropriée de dévoilement d’une réalité qui elle-même s’éparpille. Son déroulé s’apparente au ressassement de quelques obsessions qui enracinent, liées à des évidences qui voyagent. Le trajet intellectuel en est voué à un itinéraire géographique, par quoi la pensée du Discours explore son espace et s’y tresse. » Et il est vrai que dans ce foisonnant essai, dont les sujets sont pluriels, les thèmes contemporains nouent et étendent à la fois culture, histoire, vécu, sociologies, poétiques, langue, discussions et réflexion.
A la manière de Glissant, nous nous efforcerons de « tambourer sans relâche les idées-forces qui mèneront peut-être à déliter leur espace en nous » (3). Ces idées-forces seront les suivantes :
-Le Discours antillais et la réception de cette oeuvre aux Antilles
-L’énoncé d’une poétique, l’intention d’une poétique

Poétique libre ou naturelle, poétique forcée ou contre-poétique (4), poétique de la Relation fondant la germination de ce Discours d’ouverture vers un espace dilaté.

-La modernité du Discours antillais

S’il est vrai que le terme irrigue le Discours, à travers cette notion de modernité vécue ou de modernité maturée (5), l’irruption dans la modernité paraît commune aux Antilles et aux Amériques. Le procédé de rupture, l’expression de la rencontre, le ralliement à cette modernité rythment les masses éparses, épaisses des paysages, des vocables et des théories d’ensemble offerts aux confluents de cet essai structuré par les multiples aspects de l’abondante réflexion glissantienne.
Pénétrant les réalités les plus souterraines, dépassant la simple énumération des apparences, élisant des détails d’îles comme lieux d’érection d’une pensée qui rejoint celle du monde, le Discours antillais sera ainsi à nouveau mis en question, mis en commun, étiré vers les déséquilibres du monde.
En somme, suivant en cela Glissant qui « ne partage[ait] pas la tranquillité de la source » (6) nous vous invitons à tendre vers les formes opératoires, les points ultimes du delta d’une pensée démultipliée.
Parce que « L’idée de l’unité antillaise est une reconquête culturelle » (7). Elle nous réinstalle dans la vérité de notre être, elle milite pour notre émancipation.

1 Edouard Glissant, Le Discours Antillais, Folio Essais, Gallimard, 1997, p. 18.
2 Ibid, p. 426 – 427
3 Ibid, p.17
4 Ibid, p.401-403
5 Ibid, p. 441
6 Ibid, p.438
7 Ibid, p.26

Lundi 4 novembre

18h Edouard Glissant, l’incubateur

Les Foudres Edouard Glissant Glissant – Habitation St Etienne

Communication de Patrick Chamoiseau

Canaries photographies par Jean Luc de Laguarigue

Les conques de Watabwi

Remise solennelle au « Foudres Edouard Glissant » par les organisateurs du colloque, des derniers numéros de la revue CARBET n°10 « Cheminements et Destins dans l’oeuvre d’Edouard Glissant »

Mardi 5 novembre

Amphithéâtre Hélène Sellaye, campus de Schoelcher en Martinique

8h30-9h30 Ouverture officielle du colloque

9h30-10h Conférence inaugurale par Jacques Coursil, Professeur émérite, Université des Antilles

10h-10h15 pause-café

Panel 1 Le Discours antillais et les Antilles. Modératrice : Pr. Christine Raguet, Paris 3 Sorbonne Université

10h15-10h40 « De l’histoire vécue au prophétisme historique :la théorie de l’histoire d’Edouard Glissant dans Le Discours antillais » par Jean-Pierre Sainton, PR, Université des Antilles

10h40-11h00 « De la notion de littérature nationale à celle du Tout-Monde chez Glissant » par Lise Gauvin, PR émérite, Université de Montréal

Panel 2 La réception du Discours antillais. Modérateur : Axel Artheron, MCF, Université des Antilles

11h-12h45 « Edouard Glissant et le Discours antillais » Patrick Chamoiseau, écrivain (film)

« Ces errants qui aux carrefours moulinent le tragique de nos déracinements » par Alfred Alexandre, écrivain

« Lettre à Glissant 2 » par Fabienne Kanor, écrivaine (lu par Dominique Aurélia)

« Le Discours antillais et les vestiges d’Acoma » par Adelaide Russo Phyllis Taylor Professor, Louisiana State University

« L’IME : « Voici le lieu. Le réceptacle. L’urne de tout ce bruit » par Juliette Eloi-Blézès professeur agrégée, auteure de La lézarde a débordé

Débat

13h 14h Déjeuner

Panel 3 L’énoncé d’une poétique, l’intention d’une poétique. Modérateur : Pr. Charles Scheel, Université des Antilles

14h15 -15h « Poétique césairienne et glissantienne de convergence : le recours à l’oralité créole » par Véronique Corinus, MCF, Université Lumière-Lyon 2

Le Discours antillais et ses multiples ramifications par Ewa Grotowska, docteure, Université des Antilles

15h-15h-45 (Titre à communiquer) par Serge Domi, sociologue « L’éclat du monde » par Manuel Norvat, docteur, écrivain.

Départ du campus à 16h vers l’aéroport

Arrivée en Guadeloupe et installation à l’hôtel

Diner libre

Mercredi 6 novembre

Amphithéâtre Hyacinthe Bastaraud, campus de Fouillole en Guadeloupe

8h45 Mot d’accueil

9h Panel 4 Le Discours antillais et l’envers lumineux de l’Histoire. Modérateur : Pr. Jean Bessière

« Le Discours antillais : Pour une décolonisation des humanités » par Romuald Fonkoua, PR, Paris 4 – Sorbonne Université

« Le Discours des Antillais » par Laura Cassin, MCF, Université des Antilles

La communauté fantôme dans le Discours antillais par Odile Gannier, PR, Université Nice Sophia Antipolis

10h15-10H30 Pause

10h30 Panel 5 Le Discours antillais et la traduction. Modérateur : Pr. Daniel-Henri Pageaux

« Les méandres du delta : traduction et dérivation » Christine Raguet, PR, Paris 3 Sorbonne Université

« Regard du concret, voix du lieu : naissance et métamorphose de la poétique du paysage d’Édouard Glissant » par Satoshi Hirota doctorant Université Paris 8

« L’archipel en traduction. La pensée de Glissant au prisme de la traduction » par Guiseppe Sofo Ricercatore di Lingua e traduzione francese, Università Ca’ Foscari Venezia

12h Débat

12h30 Déjeuner

14h Panel 6 Le Discours antillais et la connaissance du monde. Modérateur Pr. Roger Toumson (Université des Antilles)

« Les ordres d’arguments dans Le Discours antillais » par Jean Bessière, PR émérite Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

« Le Discours antillais et l’Amérique latine » par Daniel-Henri Pageaux, PR émérite Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

15h30 Panel 7 La pensée en marche du Discours antillais modérateur Pr. Romuald Fonkoua (Paris 4 Sorbonne Université)

« Le Discours antillais ou l’empan du monde ? » par Chantal Maignan, MCF, Université des Antilles

« Sur les traces du Discours antillais : Édouard Glissant et l’ethnopoétique » par Jeanne Jegousso, Hollins University, USA

Clôture du colloque

18h30 Soirée de clôture au Mémorial ACTe (A confirmer)

Jeudi 7 novembre

Départ pour FDF à partir de 6H45