Le classique, c’est fantastique

— Par Rosita Boisseau —
Les ballets font carton plein que ce soit sur scène ou au cinéma. Une tradition que revisite même la danse contemporaine après des années passées à s’en démarquer.

Quatre Lac des cygnes, trois Casse-noisette, trois Belle au bois dormant… Par où commencer et à quelle sauce ? Française, russe, mixée, sur scène ou au cinéma ? Le menu chorégraphique de cette fin d’année, courant jusqu’au mois de février 2017 et au-delà, s’annonce roboratif. Cette offre massive en dit long sur l’attrait de ces monuments classiques qui ­séduisent tous les publics, de l’Opéra Bastille, à Paris, jusqu’au réseau des Zénith.

Ces nombreux spectacles avec ballerines sur pointes et princes tout velours portent avec eux des enjeux esthétiques et sociétaux. Ils donnent la température d’une époque qui renoue avec les récits. Effet boomerang du chahutage social ? Crise des valeurs avec refuge du côté du patrimoine ? « Ce retour au classique signale, selon moi, le goût retrouvé pour la narration, voire le mythe, explique Sylvie Jacq-Mioche, historienne. Il se fait sentir en littérature où le roman est de plus en plus présent, dans le traitement de l’information avec le storytelling, mais aussi au cinéma et à la télévision avec les séries. Au début des années 1980, la narration était jugée dépassée dans les milieux intellectuels, le classique ne collant soi-disant plus à l’époque. C’est le contraire aujourd’hui. Il y a un besoin de renouer avec du sens, des repères, et de prendre du recul par le biais d’un récit pour ne pas rester englué dans le chaos de l’actualité. »

Sophistication et virtuosité

A l’Opéra Bastille, le 7 décembre, un mois avant la première du Lac des cygnes par le Ballet de l’Opéra national de Paris, le spectacle affichait un taux de remplissage de 95 %, avec 2 700 places à vendre chaque soir. « Certains ont beau dire que c’est poussiéreux, c’est ce qui se vend le mieux chez nous, confirme Aurélie Dupont, directrice de la danse. C’est aussi notre force et notre richesse. Le contemporain peut être impeccablement dansé un peu partout dans le monde, le classique en revanche ne l’est que par quelques compagnies. Et le public, qui n’est pas dupe, le sait et a envie de beauté, de qualité, d’exigence. »…

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