La révolution de Fou Malade, en rap et dans la rue

— Par Fara C —

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Le chanteur Fou Malade Sandy Haessner

Catalyseur du mouvement Y en a marre au Sénégal, le visionnaire Fou Malade donne, avec son Bat’Haillons Blin-D, un concert lors de l’engagé Festival Africa Fête, à Marseille. Exceptionnel!

«Quitte le pouvoir: la révolte des Y en a marre», captivant documentaire d’Aïda Grovestins et Machteld Aardse, a inauguré hier le 11e Festival Africa Fête itinérant (FAFI), fondé pour perpétuer la mémoire du légendaire activiste culturel et politique Mamadou Konté (1948-2007), père de l’association Africa Fête. « Ce film montre très bien la force de Y en a Marre, qui a mobilisé autant de citoyens sénégalais en si peu de temps », souligne Cécile Rata, directrice à Marseille du FAFI.

Le charismatique rappeur Fou Malade a joué, avec son groupe Bat’Haillons Blin-D, un rôle décisif dans la réussite de Y en a marre, dont un des hauts faits de lutte a été l’éviction du président Wade. Il a utilisé la caisse de résonnance du hip hop pour appeler à un NTS (Nouveau Type de Sénégalais), et a convaincu la jeunesse à une inscription massive sur les listes électorales. « Mamadou Konté m’a beaucoup inspiré, par son engagement qui conjuguait politique et culture, élaboration d’une pensée et actions minutieusement préparées », confie-t-il. Lui et le Bat’Haillons Blin-D, dont le nom rend hommage aux plus démunis, se révèlent visionnaires dans leur maniement des outils actuels – hip hop et Internet –, comme Mamadou Konté l’a été dans la façon d’imbriquer étroitement politique et culture dans le militantisme.

Jeudi, le film «Quitte le pouvoir» a été suivi d’un débat sur l’engagement politique des artistes, en présence notamment de Fou Malade et d’Imhotep (IAM). « Dès mes débuts, les textes d’IAM m’ont communiqué confiance en moi et envie d’écrire, de dénoncer l’injustice, explique Fou Malade. J’ai adapté mes thèmes de rap à la condition africaine ». Combattant sur tous les fronts, il s’est surnommé Fou Malade « en solidarité avec ceux qui souffrent de problèmes psychologiques et qui, en tous pays, sont traités tels des déchets ». A Guédiawaye, en banlieue dakaroise, il a ouvert G-Hip Hop, bouillonnant centre de culture et de formation, fort d’un millier de membres et réunissant plus de deux cents groupes de rap locaux!

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