Un film de Hafsia Herzi – Prix d’interprétation féminine (Nadia Melliti) et Queer Palm, Festival de Cannes 2025
Jeudi 23 octobre à 20h – Tropiques-Atrium
Avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi signe son troisième long-métrage, après Tu mérites un amour (2019) et Bonne mère (2021), et confirme sa place singulière dans le cinéma français. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2025, le film a été doublement récompensé : Prix d’interprétation féminine pour la révélation Nadia Melliti, et Queer Palm 2025, saluant son regard sensible et audacieux sur les identités LGBTQIA+.
Adapté du roman éponyme de Fatima Daas (éditions Noir sur Blanc, 2020), La Petite Dernière raconte le parcours initiatique de Fatima, une jeune femme musulmane d’origine algérienne, issue de la banlieue parisienne. Entre les attentes familiales, les injonctions religieuses et la découverte de son attirance pour les femmes, Fatima tente de trouver sa place et de concilier foi, désir et liberté.
Sous l’apparente simplicité de ce récit d’apprentissage se joue un bouillonnement intérieur, celui d’une héroïne partagée entre culpabilité, peur du jugement et soif d’émancipation. Hafsia Herzi filme ce tiraillement avec une grande délicatesse, alternant scènes du quotidien et moments d’une intensité rare, où le corps devient le lieu même du conflit et de la libération.
La mise en scène, vive et pudique, souvent caméra à l’épaule, mêle acteurs professionnels et non-professionnels, pour restituer au plus près la vérité des émotions. Dans la lignée de son cinéma intimiste et charnel, Hafsia Herzi explore ici la construction d’une identité plurielle : femme, musulmane, française, lesbienne, footballeuse… autant de facettes que Fatima tente d’habiter sans renier aucune d’elles.
Le film se distingue aussi par sa représentation libre du désir féminin, abordée sans voyeurisme, avec une sensualité franche et assumée. Là où beaucoup de réalisateurs hésitent encore à filmer le corps des femmes, Hafsia Herzi s’autorise un regard féminin sur le plaisir, l’apprentissage et la honte.
Grâce à la présence magnétique de Nadia Melliti, la réalisatrice trouve un parfait équilibre entre pudeur et intensité. Sa Fatima, souvent silencieuse, presque enfermée dans son corps, exprime par sa seule retenue toute la violence des contradictions qui la traversent.
Entre drame intime et chronique sociale, La Petite Dernière se fait le portrait bouleversant d’une jeunesse en quête d’elle-même, mais aussi un hymne à la liberté – celle de vivre, d’aimer et de croire autrement.
Comme le dit un personnage du film :
« À un moment, il faut vivre, non ? »
Hélène Lemoine