La Guyane fait face à une vague migratoire sans précédent

—Par Laurent Marot —
Depuis 2015, le nombre de demandeurs d’asile a explosé, la plupart venus d’Haïti

Emmanuel Macron, qui se rend en Guyane du jeudi 26 au samedi 28 octobre, devrait faire des propositions pour mieux lutter contre l’insécurité et l’immigration irrégulière dans ce département. Des mesures attendues par les élus locaux. Le 2 août, sur le mont Baduel à Cayenne, le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a voulu marquer les esprits pour annoncer le lancement d’une procédure judiciaire pour détruire un bidonville : devant les habitants, Rodolphe Alexandre a fait voler un drone diffusant sur grand écran une vidéo de ce quartier de cases construites illégalement.

Selon la CTG, la population a triplé en deux ans, pour atteindre 1 400 habitants, la plupart venus d’Haïti, demandeurs d’asile ou déboutés de leurs demandes.  » Pour les demandeurs d’asile, l’Etat doit mettre en place un campement de réfugiés sur l’un de ses terrains, avec un suivi des ONG « , a plaidé le président de la CTG, dénonçant une  » situation intolérable, avec des marchands de sommeil qui louent une chambre 200 euros, sans eau potable « ,  » des personnes illégales « , et  » un risque d’effondrement de la colline « .

Si les bidonvilles ne sont pas nouveaux en Guyane, ils se sont étendus sous l’effet d’une vague migratoire sans précédent. Depuis 2015, le nombre de demandes d’asile déposées auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a explosé : plus de 1 000 en 2014, 2 732 en 2015, près de 5 500 en 2016 et 4 000 depuis début 2017. Plus de 12 000 demandes en moins de trois ans, ce qui représente près de 5 % de la population de ce territoire de 252 332 habitants estimés… au 1er janvier 2014.
 » Sous-dimensionné « 

En 2016, en Guyane, 88,5 % des demandeurs d’asile étaient haïtiens. Habitant du bidonville sur le mont Baduel, Romain, demandeur d’asile débouté, n’a pas eu d’autre choix que l’exil.  » En Haïti, on plante chaque année, mais on n’arrive pas à récolter, dit-il en créole. A chaque fois, un cyclone détruit tout, donc on a dû quitter le pays pour trouver un endroit et un avenir pour nos enfants. « 

Dans une association d’aide aux migrants à Cayenne, Edes assure l’accueil comme bénévole. Après quatre années au Brésil, ce jeune d’une vingtaine d’années est arrivé en 2015 en Guyane. Se disant menacé pour ses opinions politiques en Haïti, il a déposé une demande d’asile.  » Nous avons perçu l’allocation de demandeur d’asile, un peu plus de 600 euros par mois. Puis j’ai été débouté, mon recours a été rejeté, et l’allocation s’est terminée « , explique-t-il. Sans papiers, vivant de petits boulots, il est dans une grande précarité.  » C’est dur de vivre sans travail, mal nourri, mal logé.  » Electricien formé en Haïti, il espère rester en Guyane. Sa femme attend leur troisième enfant…

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13,5 fois plus de vols avec arme qu’en métropole
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