La France sous mutation libérale

Alain Garrigou retrace ici l’histoire politique récente de la France selon une vision globale de notre temps, saturé par les médias et pourtant souvent dominé par l’amnésie. Il se propose d’en donner des instruments factuels et conceptuels. Il a pour ambition de réaliser une autobiographie collective des générations d’aujourd’hui, des plus anciennes qui ont vécu toute la séquence envisagée (1940 à nos jours) jusqu’aux plus jeunes qui vivent dans le présent, avec les schèmes et souvenirs de leurs aînés. En ce sens, la réflexion s’attache à ce monde que nous habitons, mais qui tout aussi bien nous habite.
L’ouvrage est organisé selon un ordre chronologique nécessaire à des étudiants et à tous les lecteurs soucieux de situer les noms et les faits qui ont marqué l’histoire du pays depuis trois quarts de siècle, une histoire riche, mouvementée, scandée par une succession de « crises ». Toutefois, le récit rompt avec les façons classiques et commodes de découper le temps politique, mêmes justifiées comme 1945, 1958 ou 1981, afin de mieux mettre en perspective les enchaînements et les causes.

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La France sous mutation libérale

— Par Jacques Girault Historien —

Un manuel universitaire permet d’acquérir des connaissances, de comprendre la question au programme tout en invitant à approfondir par une bibliographie. Par des développements, des tableaux et des encadrés bien choisis, il donne les bases d’une période, ici la vie politique de Pétain à Hollande. Alain Garrigou, professeur de sciences politiques, analyse l’histoire de la France avec les « outils des sciences sociales ». Trois grands mouvements caractérisent l’évolution de la France et ses conséquences pour les Français. Des clivages anciens perdurent dans la vie politique française alors que des crises antérieures ont conduit à un blocage révélé par la défaite de 1940. La sortie de la guerre et la reconstruction économique correspondent à une déchirure cahotante dans la société impériale, menacée par une offre politique plurielle. Les annonces espérées de ce qui devient un « consensus modernisateur » se heurtent à l’« accumulation des haines ». La croissance voulue par de Gaulle après l’instabilité politique précédente ouvre la voie à une aspiration aux débats sur la rénovation, sans redistribution, des institutions et des structures économiques et sociales.
Un désir d’administrer le pays

Enfin, alternent « sans alternative », selon la formule de Margaret Thatcher, la gauche dominée par un socialisme qui veut « changer » et devient impuissant et la droite plurielle qui s’ouvre. L’« alignement des partis de gouvernement » conduit à une « convergence », marquée lors des cohabitations. La droite se referme sur son noyau dur. Des extrémismes de repli sur l’Hexagone se développent. La désaffection et la désaffiliation naissent des incertitudes de ces politiques qui ne réussissent plus à contrôler les effets de la mondialisation. La mutation libérale, voire sociale-libérale, des structures économiques, sociales, culturelles, la professionnalisation des acteurs politiques, analysés avec pertinence, provoquent souvent un renoncement à l’intervention politique remplacée par un désir d’administrer le pays en voie d’intégration internationale, menacée par un « hyperterrorisme » et par le « doute » européen.

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