La direction de l’académie des César annonce sa «démission collective»

— Par Jean-Baptiste Garat et AFP agence —

Contestée pour son mode de fonctionnement et l’opacité de ses comptes, fragilisée par l’affaire Polanski, l’association se retrouve à terre, deux semaines avant la 45e cérémonie annuelle.

En pleine tourmente depuis plusieurs semaines, l’académie des César a annoncé jeudi soir sa démission collective. «Le conseil d’administration de l’Association pour la promotion du cinéma (Académie des arts et technique du cinéma) a pris la décision à l’unanimité de démissionner», indiquent ses membres dans un communiqué transmis à la presse peu après 20 heures. «Cette démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de la direction de l’Association», précise le document.

Une nouvelle direction devra être élue lors d’une assemblée générale extraordinaire convoquée après la cérémonie du 28 février 2020 «pour préparer ainsi, sous l’égide du CNC, les modifications des statuts fondateurs de l’Association pour la promotion du cinéma, et mettre en œuvre les mesures de modernisation annoncées».

Selon nos informations, les démissions concernent conjointement la direction et le conseil d’administration de l’association présidé par Alain Terzian. Parmi ses membre, on retrouve la plupart des barons du cinéma français comme Marcel Ophuls, Claude Lelouch, Costa-Gavras, Bertrand de Labbey, Bertrand Blier, Jean-Claude Carrière, Jean-Loup Dabadie, Danièle Thompson, Jean-Jacques Annaud, Tonie Marshall ou Dominique Segall… Un nom encore concentre les critiques : celui du réalisateur franco-polonais Roman Polanski, visé par des accusations de viol et en tête des nominations avec son film J’accuse, ce qui passe très mal auprès des féministes et de l’opinion publique. Des associations comme Osez le féminisme! appellent à un rassemblement le soir de la cérémonie devant la salle Pleyel à Paris.
«Réforme en profondeur»

Cette annonce intervient après la parution d’une tribune lundi soir dans Le Monde, où quelque 400 personnalités du cinéma dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Michel Hazanavicius, Jacques Audiard, Marina Foïs et Agnès Jaoui, réclamaient une «réforme en profondeur» de l’Académie des César. Parmi leurs griefs, des «dysfonctionnements», une «opacité des comptes» et des statuts qui «n’ont pas évolué depuis très longtemps». Les signataires s’interrogeaient également sur le modèle de «cooptation» qui régit l’association.

Cette démission collective est également annoncée deux jours après qu’Alain Terzian a tenté de sauver les meubles en promettant une réforme des statuts et des «modalités d’admission». Il avait sollicité le président du Centre national du cinéma Dominique Boutonnat pour un travail de médiation. Avec l’espoir de calmer les esprits. En vain, semble-t-il.

Jeudi soir, le ministre de la Culture Franck Riester est sorti de son silence pour commenter la décision de la direction de l’académie de démissionner. Tout en expliquant que l’académie est «une institution de droit privé» et que «son indépendance doit être préservée», il a demandé une «gouvernance renouvelée», «guidée par un fonctionnement démocratique et des exigences d’ouverture, de transparence, de parité et de diversité». Il explique également avoir missionné le CNC pour préparer les nouveaux statuts de l’Académie des César.

La liste des membres de l’Académie, constituée de 4700 professionnels du cinéma, est confidentielle. Pour en faire partie, il faut avoir au moins deux parrainages et avoir participé à au moins trois longs métrages en cinq ans.

Source : LeFigaro.fr