La Berlinale crée la surprise en récompensant une romance hongroise

La réalisatrice Hongroise Ildiko Enyedi reçoit un Ours d’or pour son film film à « On body and soul », le 18 février 2017 à Berlin

Le film hongrois « On body and soul », une histoire d’amour poétique se déroulant dans un abattoir, a obtenu samedi l’Ours d’or de la Berlinale, premier des grands festivals de l’année.
Ce film de la Hongroise Ildiko Enyedi, Caméra d’or à Cannes en 1989, a obtenu la plus haute récompense de la 67e Berlinale, face notamment à celui du Finlandais Aki Kaurismäki sur les réfugiés, grand favori des critiques qui repart avec en lot de consolation le prix de meilleur metteur en scène.
« Le jury est tombé amoureux de ce film, non seulement grâce à ses qualités mais aussi car il nous rappelle un mot que nous utilisons parfois trop facilement : la compassion », a déclaré son président, le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven.
Le film d’Ildiko Enyedi, une des quatre réalisatrices en compétition, parle d’un homme et d’une femme se désirant mais ne parvenant pas à communiquer, sauf dans le rêve qu’ils partagent, où elle apparaît en biche et lui un cerf dans une forêt enneigée.
Ils vont tenter de se rapprocher en évoquant leurs songes qui les emmènent loin de l’abattoir où ils travaillent.
« Nous voulions un film simple, clair comme de l’eau de roche et nous ne savions pas si le public allait nous suivre car le film se voit uniquement avec un coeur empreint de générosité », a déclaré la réalisatrice en recevant son prix.
Au terme d’un festival à la dimension politique assumée, le jury a décerné le prix du meilleur réalisateur au Finlandais Aki Kaurismäki, qui signe un plaidoyer pour les réfugiés dans « L’autre côté de l’espoir ».
Le film parle de la rencontre entre un migrant syrien échoué dans la grisaille finlandaise, et un restaurateur local séparé de sa femme alcoolique, qui va lui venir en aide.
– Tribune anti-Trump –
Mais c’est finalement la Sud-coréenne Kim Min-hee (la « Mademoiselle » de Park Chan-Wook) qui a été récompensée pour son rôle dans le film de son compatriote, Hang Sang-soo (« On the Beach at Night Alone »). Elle y joue une actrice malheureuse après un échec amoureux avec un réalisateur.
L’Autrichien Georg Friedrich, vu cette année dans deux films en compétition, a été couronné pour son rôle dans « Bright nights », où il incarne un père taiseux qui tente de renouer avec son fils adolescent lors d’un road trip en Norvège.
Parmi les autres prix décernés samedi soir, le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis a reçu le Grand prix du jury pour son film « Félicité », seul film africain en compétition et portrait d’une chanteuse de bar à Kinshasa se battant pour son fils victime d’un accident.
« C’était difficile de faire ce film. Ca a été une année difficile en RDCongo », a souligné le réalisateur, évoquant notamment les élections dans le pays.
Cette année, la Berlinale s’est transformée en tribune pour les opposants à la politique de Donald Trump et à son décret migratoire, actuellement suspendu, visant des pays majoritairement musulmans.
« Je veux que l’on sache qu’il y a de nombreuses personnes dans mon pays qui sont prêtes à résister », a déclaré dès l’ouverture l’actrice américaine Maggie Gyllenhaal, membre du jury.
Egalement membre du jury, le Mexicain Diego Luna a lui profité de son passage pour manifester devant l’ancien mur de Berlin et dénoncer le projet de barrière entre le Mexique et les Etats-Unis que souhaite bâtir M. Trump.
En 2016, le jury de la Berlinale présidé par Meryl Streep avait récompensé « Fuocoammare », un documentaire sur la crise migratoire et la vie des habitants de la petite île de Lampedusa. Le film est en lice pour l’Oscar du meilleur documentaire.
AFP