Jean Ulrick-Desert à l’espace d’art contemporain 14°N 61°W

Du 16 Septembre -21 Octobre 201

caryl* ivrisse-crochemar & [creative renegades society] sont heureux d’accueillir et de présenter la première exposition individuelle en Martinique de l’artiste haitien, basé à Berlin, Jean-Ulrick Désert.

Jean-Ulrick Désert est une figure de la diaspora antillaise né à Port-au-Prince pendant le régime de François (Papa Doc) Duvalier. Il étudie l’art et l’architecture dans des établissements prestigieux tels que Cooper Union et l’Université de Columbia à New York où ses parents s’exilent, à cause de leur engagement politique. L’artiste a installé son atelier à Berlin en 2002, après plusieurs années de résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris.

Simultanément à l’exposition de l’espace d’art contemporain 14°N 61°W, Jean-Ulrick Désert participera à ”New Region of the World” à la Bunkier Sztuki Gallery of Contemporary Art à Cracovie en Pologne. Il collaborera également à “l’Islam c’est aussi notre histoire” au Musée de l’Europe à Bruxelles et à “Pacific Standard Time” de la Fondation Getty au MoLAA (Musée d’Art d’Amérique Latine), où une variante de “Waters of Kiskeya” sera exposée au public.

A l’espace d’art contemporain 14°N 61°W, la pièce centrale de l’exposition est une grande carte, “Waters of Kiskeya”. Il s’agit d’une cartographie poétique du territoire caribéen, inspirée des cartes du XVIIIe siècle peintes à la main, encore répandues chez les antiquaires. “Kiskeya” (et Ayiti*) sont les noms Taïnos de l’île de Saint-Domingue, aujourd’hui appelée Hispaniola. La carte de 275 x 183 cm reprend plusieurs styles familiers comme celui des ouvrages naturalistes tels ceux de John James Audubon (né à Les Cayes avant la révolution haïtienne) ou encore celui des motifs décoratifs d’artistes comme Jean Théodore Dupas. La carte souligne les lignes fracturées et invisibles des eaux et des frontières entre les alliés et ennemis historiques d’une région liée aux stratégies empiriques du passé et du présent. Cette oeuvre reflète les échos poétiques des cultures de la Caraïbe ainsi qu’une sensibilité littéraire d’une région où l’on trouve les voix authentiques de Gabriel García Márquez, Maryse Condé et René Depestre. Jean-Ulrick Désert croise différents styles et techniques dans son oeuvre où il nous invite à rentrer par le prisme de nos propres illusions et analyses de l’histoire culturelle passée et présente. Il nous invite à explorer ce qui peut être caché en pleine lumière alors que nous sommes distraits par la beauté.

Ses précédentes cartes incluent une sculpture en 3D du “Sky above Port-au-prince Haiti” (Ciel au dessus de Port-au-Pince, Haïti) correspondant au tremblement de terre de 2010 en Haïti et sa récente “Terra Nova Afrikæ新非洲 sur l’Afrique et les incantations surnaturelles de la Chine.

Depuis 20 ans, Jean-Ulrick Désert a exposé aux USA, dans les Caraïbes et en Europe -notamment au Grand Palais (“Haiti deux siècles de création artistique”) et à la Grande Halle de la Villette (“Kreyol Factory”), à la Biennale de la Havane et à la BIAC (Martinique), commissionné pour créer une oeuvre aux Terres Sainville, le quartier de la diaspora haïtienne à Fort-de-France.

Jean-Ulrick Désert a également été sélectionné pour représenter Haïti à la 56e Biennale de Venise par le commissaire Giscard Bouchotte qui a récemment exposé une de ses oeuvres à la Fondation Clément, dans le cadre de l’exposition “(In)Visibilté Ostentatoire”, en résonance avec un concept utilisé par l’artiste depuis des décennies.

L’oeuvre de Jean-Ulrick Désert a fait l’objet de plusieurs éditions, journaux et articles dont ceux du New York Times.

Il a donné des conférences sur sa pratique artistique dans des musées et universités comme le Musée d’Art de Brooklyn, en parallèle de l’exposition majeure sur l’art de la Caraïbe et de la diaspora “Infinite Islands” de Tumelo Musaka, et à la Zacheta-National Gallery of Art à Varsovie en Pologne à propos d’“Invisible”, le Pavillon haïtien de la 56e Biennale de Venise.

…En cet empire, l’Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d’une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l’Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l’Empire, qui avait le Format de l’Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l’Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l’abandonnèrent à l’Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l’Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n’y a plus d’autre trace des Disciplines Géographiques.

Suarez Miranda, Viajes de Varones Prudentes, Lib. IV, Cap. XIV, Lerida, 1658; extrait de “Histoire universelle de l’infamie”, Jorge Luis Borges, 1935

+ d’infos : www.14n61w.or