Hugues Henri : « Migrants », le poids des mots, le choc des images…

Jusqu’au 23 février 2019 Tropiques-Atrium

— Par Christian Anttourel & Ysa de Saint-Auret —

Une exposition de peinture sur les migrants. Fuyant la guerre ou la misère, ils sont des milliers à frapper aux portes de l’Europe , traversant la Méditerranée bien souvent au péril de leur vie. De l’île de Lampedusa , en Italie, à celle de Kos, en Grèce toute proche des côtes turques, des sommets de l’Union Européenne aux centres d’accueil pour les migrants et les réfugiés La question de l’Amérique n’est pas épargnée comme la relation aux migrants à un niveau mondial. Découvrons un reportage et une analyse politico- artistique de Hugues Henri.

Son empathie spontanée alliée à sa sensibilité d’artiste authentique et engagé, toute sa palette humaniste ne pouvait rester immobile et se taire devant le spectacle d’un tel désastre. Deux ans d’une gestation réfléchie, à retourner, fouiller et tordre ce problème ressenti de manière autant épidermique que viscéral et enfin laisser surgir une philosophie combative de l’exigence. Dans
cette exposition l’artiste utilise plusieurs moyens d’expression plastique, qu’il mixe à sa façon, hybridée, selon ses propres termes comme la peinture, le dessin de presse, la BD, l’installation. Il y fait référence à Miro comme à Munoz et Sampayo respectivement peintre et auteurs de BD, célébrés unanimement et immigrés notoires. A propos de son travail, Hugues Henri dit se situer picturalement dans la lignée socialement engagée des peintres figuratifs des années 1970, ceux de la « Figurationn narrative » comme Edouardo Arroyo. Sa palette est décrite comme agressive avec une touche expressionniste, influencée par Basquiat et les arts de la rue. Il emprunte au registre des « néo-fauves allemands, » Baselitz notamment, les thèmes de son inspiration et l’utilisation de couleurs pures, violentes. Des contrastes de noir et de blanc, de noir et de jaune, de bleu et d’orange de couleurs claires et sombres se détachent le plus souvent sur fond de drapeau européen . Il fait usage de l’installation à la manière d’un discours cohérent et concret « recherchant des assemblages d’objets ou des matériaux signifiants, proche en cela de « l’Arte Povera » italien. En fin il exprime une volonté clairement affichée d’agir sur les consciences « pour les réveiller face aux malheurs des autres, » ceux des migrants en but à l’errance, l’exil, l’hostilité, le dénuement. L’artiste explore la thématique des migrants au
Aux moyens de plusieurs médiums : des citations d’une poésie lénifiante qui cache une réalité quelque peu sordide ; plus de 2200 migrants sont morts en tentant de traverser la méditerranée en 2018… La voie maritime reste la plus dangereuse pour la migration.

Une philosophie combative de l’exigence

Le plasticien invente des images au graphisme percutant au contraste marqué pour porter un message fortement engagé, et illustrer des émotions puissantes : la peur ( des migrants) l’hostilité (des douaniers) l’appât du gain (des passeurs de réseaux criminels impliqués dans l’organisation d’opérations de migration clandestine) Chaque image traduit un mot clé et la cohésion entre l’image et le mot possède une force de persuasion aboutie. S’opposer à tant d’indifférence peut-être aisé mais au-delà de divergences évidentes entre puissances économiques et migrants, quand l’idéologie partisane communautariste forcenée et société déshumanisée prennent le pas sur le partage en appui sur le phénomène migrants. Plutôt que d’emprunter ce type de raccourcis bien commodes et de verser de l’analyse à l’imprécation, Hugues Henri , pour de ne pas ajouter du malheur au malheur choisit le discours vivace mais contrôlé, car « Il n’existe jamais de bel exil. Tout exil est souffrance. L’exil est une espèce d’insomnie »

En pratique !

A Tropiques-Atrium
Une exposition individuelle de Hugues Henri
Jusqu’au 23 février 2019
Entrée libre
Contact :05 96 70 79 29
Christian Anttourel & Ysa de Saint-Auret