« Hansel et Gretel », de l’ombre à la lumière

— par Selim Lander —

Depuis que le conte des frères Grimm a été mis au programme du cycle 2 de l’enseignement élémentaire, plusieurs projets de mise en scène ont fleuri, dont celui de Bérangère Gallot présenté à Fort-de-France un peu avant les fêtes de fin d’année. La salle Fanon de Tropiques Atrium était remplie pour la circonstance par une ribambelle d’enfants dont les réactions spontanées indiquaient suffisamment qu’ils trouvaient le spectacle à leur goût. Mais les adultes avaient aussi de quoi être satisfaits en observant le jeu des comédiens (en particulier les deux jeunes qui interprétaient les héros éponymes), les costumes, les décors.

L’histoire, semblable à celle du Petit Poucet, est un grand classique : des parents trop pauvres pour nourrir leurs enfants décident de les abandonner dans la forêt. La fin, bien sûr, s’avérera heureuse, un conte, pour être efficace, devant faire peur mais pas trop. Ce thème a une certaine résonance aujourd’hui, non parce que les abandons d’enfants se seraient multipliés mais puisque qu’il est avéré que nombre de géniteurs potentiels renoncent désormais à avoir des enfants, en vertu d’un certain égoïsme qui n’est pas sans ressembler à celui des parents des contes qui sacrifiaient leur progéniture dans l’espoir de se sauver eux-mêmes.

En dehors du jeu des comédiens, en particulier les deux jeunes (Lucas Bottini et Alice Serfati) qui rayonnent de juvénilité et de naturel, on admire les costumes (signés Pascale Bordet et Augustine Salmain), en particulier ceux de la sorcière (interprétée par Laurent Labruyère qui tient aussi le rôle du père) et de sa sœur (interprétée par Bérangère Gallot dans un double rôle de sœur-narratrice et de mère). Quant au décor d’Angéline Croissant, il marque merveilleusement le contraste entre les deux mondes, celui – austère et sombre – des parents et celui de la sorcière, coloré et lumineux, loin donc des images préconçues, qui se présente comme ces maisons-jouets d’aujourd’hui en matière plastique (ou en friandises ?).

En définitive, on ne peut dire que du bien de ce spectacle agrémenté de passages dansés ou chantés, où la bonne humeur règne de bout en bout. Seul bémol, les scènes d’abandon (il y en a deux) comme celle avec la sorcière auraient sans doute pu être un peu plus inquiétantes sachant qu’un conte, comme rappelé plus haut, ne saurait se contenter d’être amusant, qu’il doit aussi faire peur… jusqu’au dénouement salvateur. L’équilibre, évidemment, est difficile à trouver quand on s’adresse à de jeunes spectateurs que les normes éducatives en vigueur de nos jours interdisent de traumatiser.

Hansel et Gretel. Texte de Bérangère Gallot d’après Jacob et Wilhelm Grimm (1812) avec Lucas Bottini (Hansel), Alice Serfati (Gretel), Bérangère Gallot et Laurent Labruyère. M.E.S. de Benoît Lavigne. Fort-de-France, Tropiques-Atrium, 11 décembre 2025.

Photo : Selim Lander