Halte à la destruction de l’offre de formation en Martinique et en Guadeloupe

— Par Frédéric Vigourous(*) et Michel Tondellier(**) —
Dans un contexte national de politique d’austérité qui voit le budget de l’enseignement supérieur amputé alors même que des étudiants ne trouvent pas d’affectation, dans un contexte national de politique hostile à la fonction publique (gel du point d’indice, rétablissement du jour de carence, suppression de poste), l’actualité de l’enseignement supérieur aux Antilles connaît deux points saillants :

Le non renouvellement des agents non-titulaires

En juin et juillet 2017, la présidence de l’université des Antilles a mené l’établissement au bord de la crise de nerfs en annonçant brutalement le non-renouvellement des contrats à durée déterminée qui arrivaient à terme sans proposer ni même étudier aucune solution alternative pour assurer la continuité du service public. Il s’agissait de plusieurs dizaines d’emplois à l’échelle de l’établissement, avec parfois des services entiers menacés de paralysie.
En fin d’année universitaire, l’action concertée des syndicats a permis des avancées sur ce dossier. Les syndicats ont exigé et obtenu la prolongation de la majorité des contrats jusqu’à la fin du premier semestre 2017-2018 afin d’assurer l’accueil des étudiants dans de bonnes conditions. Ils ont également obtenu l’analyse au cas par cas des dossiers des collègues (notamment ceux proches, de droit, de la cdisation).
Enfin et surtout, les syndicats ont arraché et obtenu du président qu’il engage son équipe dans une réflexion sur une véritable gestion RH des besoins de l’établissement et des contrats à durée déterminée. Notre objectif étant de protéger les plus précaires de nos collègues et leur permettre d’accéder à des opportunités de formation continue et d’insertion professionnelle durable. Ces avancées ne doivent pas cacher que certains collègues, qui travaillaient avec nous depuis parfois fort longtemps, ne sont plus là à la rentrée. Il est possible que les conditions liées au renouvellement d’une reconduction de contrat aient été inaccepatables. Un état des lieux reste à réaliser.

Le scandale de la (non)-préparation du renouvellement de l’offre de formation

Le 21 février 2017, le président de l’université des Antilles a annoncé par courriel à une communauté universitaire sidérée, la décision – soumise à aucun conseil de l’établissement – de reporter d’un an la mise en oeuvre du renouvellement de l’offre de formation de l’établissement. Nous étions au lendemain du salon du lycéen. Autrement dit, les nouveaux diplômes normalement proposés à cette rentrée ne le seraient qu’à la rentrée 2018-2019 après une révision à la baisse du nombre de formations offertes par l’université des Antilles. Malgré un travail initié par les équipes depuis plus de deux ans, le président s’est défaussé sur l’ancienne équipe et a promis une feuille de route promettant d’améliorer l’offre de formation. Dans les faits, il a fallu attendre la fin de l’année universitaire, le 22 mai 2017, pour que les équipes soient invitées à reprendre le travail. Trois mois de perdus et depuis : des commandes approximatives en urgence, une absence totale de direction et de consignes techniques pour accompagner les équipes, un refus systématique de communiquer sur le sujet dans les instances, une communication a minima avec les UFR, des priorités incompréhensibles et surtout, aucune stratégie d’établissement. Au-delà de la démotivation des personnels, nous dénonçons depuis des mois ce ratage annoncé dont les conséquences vont être très concrètes pour les étudiants – et leurs familles – aux Antilles puisque de nombreux diplômes sont voués à disparaître. Confrontés à la réduction de l’offre de formation, les étudiants auront le choix de l’orientation par défaut ou l’inscription dans une université hexagonale. La casse a assez duré! Nos organisations syndicales mobiliseront tous les moyens à leur disposition pour que la politique gestionnaire à courte vue de la présidence de l’université des Antilles ne détruise pas l’offre de formation de l’enseignement supérieur en Martinique et en Guadeloupe.
(*)Frédéric Vigourous, du Snasub-FSU (Syndicat national de l’administration scolaire universitaire et des bibliothèques – Fédération syndicale unitaire.
(**)Michel Tondellier, du Snesup-FSU (Syndicat national de l’enseignement supérieur – Fédération syndicale unitaire)
Mardi 26 septembre 2017