Le groupe Bernard Hayot visé par une enquête judiciaire pour pratiques anticoncurrentielles et escroquerie présumée
Le groupe Bernard Hayot (GBH), acteur majeur de la distribution et de l’automobile en outre-mer, fait désormais l’objet d’une information judiciaire ouverte par le parquet national financier. La procédure, engagée au mois d’août et confiée à des juges d’instruction parisiens, porte sur des soupçons d’escroquerie en bande organisée, d’abus de position dominante et d’entente, en particulier dans le secteur automobile ultramarin.
Selon des éléments révélés par le journal Libération, les activités automobiles du groupe seraient au cœur des investigations. Les concessions détenues par GBH, qui occupent une place prépondérante sur ces marchés, dégageraient des marges nettement supérieures à celles observées en France hexagonale, pouvant aller jusqu’à trois ou quatre fois plus. Les enquêteurs s’intéressent notamment à de possibles déclarations trompeuses de certains concessionnaires, soupçonnés d’avoir minoré leurs marges réelles auprès des constructeurs automobiles.
La justice cherche également à déterminer s’il a pu exister des accords illicites entre GBH et d’autres acteurs économiques locaux, susceptibles de fausser la concurrence dans plusieurs territoires ultramarins. Ces soupçons s’inscrivent dans un contexte de critiques récurrentes visant le groupe, régulièrement accusé par des syndicats, des élus et des associations de contribuer au niveau élevé des prix, notamment aux Antilles.
Leader de la grande distribution dans ces territoires, GBH est souvent cité dans le débat sur la vie chère en Martinique, où les prix des produits alimentaires restent sensiblement plus élevés qu’en métropole. Selon les données de l’Insee, cet écart atteignait en moyenne 40 % en 2022. Cette situation a alimenté une forte contestation sociale, marquée par des manifestations parfois violentes à l’automne 2024.
Le groupe, qui a publié ses comptes après y avoir été contraint par une décision de justice, a annoncé avoir réalisé un bénéfice net de 202 millions d’euros en 2024. Son activité ne se limite pas à la distribution : près de la moitié de son chiffre d’affaires provient de l’automobile (vente, location, pièces détachées), le reste étant réparti entre des secteurs diversifiés comme l’agroalimentaire ou la production de rhum. Bien que son siège soit en Martinique, ce territoire ne représente qu’une part minoritaire de son activité globale, le reste étant réalisé en Guadeloupe, à La Réunion et à l’international.
Dans un communiqué, le groupe Bernard Hayot affirme contester avec fermeté l’ensemble des accusations portées contre lui. Il assure vouloir coopérer pleinement avec les autorités judiciaires et rappelle n’avoir jamais été sanctionné pour des infractions au droit de la concurrence, affirmant avoir toujours agi dans le respect de la législation en vigueur.
