Fanny Auguiac : Une vie consacrée à la culture martiniquaise

Le monde culturel martiniquais pleure la disparition de Fanny Auguiac, à l’âge de 87 ans, figure emblématique de la culture de l’île. C’est son époux, Max Auguiac, qui a annoncé cette triste nouvelle dans un message poignant et personnel :
« À tous mes parents et amis, j’ai la douleur de vous faire part du décès de Fanny, ma femme, ma compagne depuis plus de soixante ans ! Je suis dévasté… » La perte de Fanny laisse un vide immense dans la scène culturelle martiniquaise, mais aussi dans la vie de ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.

Une vie dédiée à l’art et à la culture
Née à Paris le 20 novembre 1937, Fanny Auguiac a vécu une enfance marquée par les horreurs de la guerre. Orpheline de guerre, elle grandit dans un environnement où l’art et la culture ont toujours joué un rôle primordial. Très tôt, elle montre un intérêt pour la musique, qu’elle étudie de façon approfondie, notamment le piano, avant de s’orienter vers le cinéma. C’est dans l’industrie cinématographique qu’elle fait ses premiers pas professionnels, travaillant aux côtés de figures telles que Beckett, Sartre et Duras.

Son engagement artistique se poursuit avec la télévision : arrivée en Martinique en 1968, elle réalise les premières émissions culturelles locales, dont des magazines sur la femme antillaise, marquant ainsi le début de son aventure avec les médias. En 1975, elle prend la direction du Centre Martiniquais d’Action Culturelle (CMAC), un poste qu’elle occupera pendant plus de 30 ans. Durant son mandat, elle transforme le CMAC en un lieu de rencontre et de rayonnement culturel, organisant des événements emblématiques comme le Carrefour mondial de la guitare (1975), les Rencontres théâtrales en Caraïbe (1982) ou encore le Festival de Jazz à la Martinique (1983). Son action permettra à la Martinique de devenir un carrefour culturel, favorisant les échanges artistiques avec la Caraïbe, l’Europe et au-delà.

Une pionnière de la culture antillaise
Fanny Auguiac a profondément marqué la culture martiniquaise en insistant sur l’importance de l’ouverture à la Caraïbe. Alors que la Martinique était souvent tournée vers la France ou l’Afrique, elle a œuvré pour faire connaître et reconnaître les cultures voisines, notamment par le biais de festivals et de collaborations avec des artistes des Antilles. Elle a également soutenu de nombreuses initiatives locales, lançant des projets comme le
West Indies Jazz Band, qui a réuni des musiciens de toute la Caraïbe, ou encore les premières tournées internationales pour des groupes martiniquais.

Pour Christian Boutant, ancien directeur de la SACEM en Martinique, Fanny Auguiac a été « une femme d’action » au pragmatisme admirable. Il se souvient avec émotion de la manière dont elle a permis à la culture martiniquaise de rayonner à l’international. Sa détermination sans faille a permis à des artistes comme Alex Bernard du groupe Fal Frett, mais aussi des noms comme Mario Canonge et Ronal Tulle, de se faire connaître à travers le monde. Ce rayonnement n’aurait pas été possible sans le travail acharné de Fanny, qui n’a cessé de soutenir les artistes tout au long de sa carrière.

Un engagement de toute une vie récompensé
Fanny Auguiac était une femme de convictions et une bâtisseuse de la culture martiniquaise. Son travail lui a valu de nombreuses distinctions. Elle a été faite
officier de l’Ordre national du Mérite (1993), des Palmes académiques (1999) et des Arts et Lettres (2003), en reconnaissance de son engagement sans faille pour la culture. Mais au-delà de ces honneurs, c’est l’héritage qu’elle laisse qui reste gravé dans les mémoires.

Elle laisse également derrière elle une famille aimante : son époux Max, ses filles Nathalie et Johanna, ainsi que ses petits-enfants Yankel et Maxime.

Un dernier hommage
Le président du Conseil exécutif de la Martinique,
Serge Letchimy, a salué la mémoire de Fanny Auguiac en soulignant son rôle fondamental dans la construction du paysage culturel local. « Elle a fait émerger de nombreux talents et porté haut la voix de la Martinique dans la Caraïbe, en France et au-delà. Femme de vision, de conviction et de cœur, sa force tranquille et sa fidélité à la Martinique resteront dans nos mémoires », a-t-il déclaré.

Aujourd’hui, à 87 ans, Fanny Auguiac s’éteint, mais son héritage demeure. Elle laisse à la Martinique et au monde un héritage artistique et humain qu’elle a bâti avec passion, détermination et une vision résolument ouverte sur le monde. Sa vision de la culture, ouverte, exigeante et résolument caribéenne, continue de marquer la scène culturelle martiniquaise et antillaise dans son ensemble.

Adieu à une grande dame de la culture. Son absence laisse un vide profond, mais son œuvre et ses valeurs continueront d’inspirer les générations à venir.

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C’est avec une profonde tristesse que  j’apprends le décès de Fanny Auguiac, une figure incontournable de la culture martiniquaise. Son engagement, sa passion et sa vision ont marqué à jamais la scène artistique de l’île et au-delà.  Avec Madinin’Art j’adresse ses plus sincères condoléances à son époux Max, à leurs filles Nathalie et Johanna, ainsi qu’à toute leur famille. Que son souvenir, et l’impact de son travail, apportent réconfort et inspiration dans ces moments de deuil. Nous partageons votre peine et vous assurons de notre soutien dans cette épreuve. Fanny restera à jamais dans nos cœurs et nos mémoires.
Hamakom yenachem etchem betoch shaar avelay tziyon veerushayaim.

Roland Sabra