— Par Florent Grabin, PRésident de l’Association écologique P.U.M.A. —
Conformément aux engagements de PUMA, nous poursuivons notre enquête sur la question de l’Eau qui passionne de nombreux consommateurs. Nous tenons à les remercier en fournissant le maximum d’informations factuelles afin de les interpeller.
Notez que l’absence de la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL) à Cap-Nord et à la CACEM rend compliquée notre mission. Ils ont promis de communiquer mais ils refusent le dialogue ! Ils continuent à se jouer de nos assemblées malgré leur volonté affirmée de démocratie participative tant proclamée par nos élus toutes tendances confondues. Font-ils fi de la censure de la population ?
Quand doit-on consulter la commission CCSPL ?
Les articles L. 1411-4 et L. 1413-1 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) définissent les CCSPL, encadrent ses modalités de composition et de fonctionnement et aussi précisent leur rôle respectif.
La CCSPL – à laquelle nous siégeons avec d’autres associations à l’Espace Sud depuis l’époque du SICSM- doit légalement être consultée avant toute délégation de service public et avant tout projet de création de service public, soit en délégation soit en régie dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière, ce, au moins une fois par an pour l’examen des rapports annuels. C’est un contrepouvoir où la démocratie est pleinement active.
Malheureusement, il y a violation manifeste de la Loi qui nous prive d’être présents dans les deux collectivités précitées ; ce qui nous oblige à trouver d’autres pistes pour avoir des évènements tangibles à communiquer aux abonnés.
Concernant le projet de renouvellement du marché de distribution de l’Eau dans le Nord, nous aurions éclairé les élus sur la sous-évaluation figurant dans l’avis proposé par le bureau d’étude en charge d’orienter la commission d’appel d’offres de Cap-Nord. L’intérêt supérieur des usagers a été négligé. Il fallait retenir le mieux disant qui a une expérience mondialement reconnue et une assiette financière plus importante.
Que cachent ces absences d’informations ?
En rentrant dans les tuyaux informationnels de l’Eau, nous avons découvert que le 13 mars 2025, la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux a réformé la décision en référé du 17 septembre 2024 du Tribunal Administratif de Fort-de-France. Dans cette affaire, la SME a demandé au Juge de condamner ODYSSI à lui verser la somme provisionnelle de 4 165 767, 73 euros assortis des intérêts au taux légal, correspondant au montant des factures impayées, pour la période allant de septembre 2022 à septembre 2023. La Cour ordonne dans son ‘’Article 1 : l’annulation de l’ordonnance du Juge des Référés ; Article 2 : ODYSSI est condamnée à verser à la SME une provision d’un montant de 1 660 289.19 euros. Cette somme portera intérêt au taux légal à compter du 20 juin 2023’’.
Ce qu’il est très important de comprendre dans cette décision, c’est que la SME vend l’Eau en gros à ODYSSI à 0,43 € le m3, revendu par ce dernier au consommateur à 2,75 € le m3 ; dégageant ainsi un bénéfice de 2,32 € équivalant à plus de 5 fois son prix d’achat.
Dans le même temps, ODYSSI doit près de 40 millions d’euros à différents fournisseurs y compris à l’ODE (Office Départemental de l’Eau). Dans ces conditions, où passe l’argent du paiement des factures du consommateur ?
Pour tenter de comprendre où fuit la caisse, nous avons cherché à obtenir le Rapport du Prix et de la Qualité de Service de 2022 à 2024. En allant sur le site officiel de l’Observatoire de l’eau, nous avons constaté que le dernier rapport date de 2021. Il faut savoir que le consommateur paie la perte en ligne de plus de 50% de la production d’ODYSSI. Actuellement, la Chambre Régionale de Comptes s’est saisit de la gestion d’ODYSSI, ce qui permettra de mieux comprendre sa gérance.
Présentement, le budget de fonctionnement est très élevé. Quant à l’investissement, il est très faible. Avec ce concept, le Président d’ODYSSI se gargarise à dire que la gestion en régie est la meilleure formule pour la Martinique. Avec cette affirmation, il y a tout ce qu’il faut pour passer de l’Eau d’ici à l’Eau delà !!!
Et Cap Nord ?
Après deux mois de grève, un procès-verbal de désaccord et de fin de conflit a été signé le samedi 11 octobre 2025. Cela augure une bonne nouvelle pour les différents usagers de l’Eau du robinet. En marge de cette affaire sociale qui aurait pu être évitée, nous déplorons l’ambigüité de nos Maires sur différents manquements de Cap-Nord et de la SAUR. Que de temps perdu !!!
Il y a différents points d’ombre sur le non-respect de la législation en vigueur dans le domaine de l’Eau : ce qui nous oblige à interpeler publiquement Monsieur le Président de Cap-Nord.
Existe-t-il une CCSPL à Cap-Nord ? Qui y siègent et quelle est la fréquence des réunions de cette commission ? Pourquoi le contrat entre Cap-Nord et la SAUR n’est pas disponible sur votre site et n’est pas communiqué ? Qui a permis à la SAUR de changer le prix de l’Eau ? Où est l’avenant modificatif du contrat ouvrant l’autorisation d’augmentation du prix de l’Eau ? Le dernier Rapport du Prix et de la Qualité de Service sur le site de l’observatoire de l’eau date de 2022.
Cependant, le rapport de 2024 laisse apparaitre différents éléments qui interpellent. La créance due aux fournisseurs est abyssale : les prestations de réparation de la casse du 20 décembre 2020 du tuyau de 700 au Galion à Trinité ont un retard de paiement de 5 ans.
La mauvaise situation financière transpire dans ce document comptable, ce qui explique le manque d’investissement dans la modernisation du réseau Eau et Assainissement. Visiblement, cette collectivité semble être en cessation de paiement.
Nous, PUMA, comprenons bien pourquoi nous sommes évités, plutôt qu’invités. Il est clair que nous dérangeons les administratifs et les politiques. Un débat constructif ne peut pas s’appuyer sur l’absence d’informations, ce qui est un manque de respect total pour la population. Cette attitude ouvre la porte à de multiples dérives et malencontreusement met le discrédit sur nos dirigeants. De quoi ont-ils peur ?
Cet état d’esprit irrespectueux nous démontre que la santé de la population n’est pas la priorité de Cap-Nord ! La Martinique a besoin de confiance, de stabilité : pas de postures ni de petits bras ! Gouverner c’est tracer une ligne propre et s’y tenir. Les citoyens vous analysent avec méfiance et inquiétude. Ils attendent de vous un réel dialogue avec eux.
Pas de paix sociale durable sans le respect des textes qui régissent la démocratie sociale. Il est temps de mettre une rupture dans ces comportements qui fragilisent les politiques publiques. L’heure de la paraphrase est terminée. Au-delà du discours nous demandons des actes forts !
Que de temps perdu !!!
On ne peut pas demander plus de démocratie tout en refusant d’agir pour faire émerger le principe de réalité. Il y a des ruptures qui s’imposent afin de permettre le vivre ensemble. Tenter de mettre le discrédit sur les associations ne peut être la variable d’ajustement de la faiblesse politique qui gagnerait à trouver des compromis dans l’intérêt du pays.
Vous comprendrez fort aisément, Messieurs les Présidents des EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale), que l’absence de ces différents éléments nous prive de toute chance de vous accompagner et d’aviser la population. Nous formulons le vœu de trouver le chemin du consensus afin de paralyser les divisions politiques et idéologiques, Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président Florent GRABIN