En hommage à Marc Mavouzi !

Mercredi 15 octobre à 18h à la Maison des Syndicats.

marc_mavouzi-1Le 28 septembre notre camarade et ami s’en est allé…

Au militant qu’il fut, au travailleur engagé au service des plus humbles, à l’ami si plein de tendresse, d’humour, de courage et de sensibilité et d’espièglerie, nous souhaitons rendre hommage comme il le mérite…

Au nom de tous les combats que nous avons menés ensemble… Des défaites et des victoires partagées… Des fous rires et des larmes conjugués… De l’espérance rebelle en des lendemains plus doux et plus lumineux…

Vous êtes invités à partager ce moment avec nous, à travers votre simple présence, un témoignage, une offrande artistique, une anecdote de la manière simple et sans chichis qui était celle de Marc Mavouzi…

 

CDMT – GRS – Les amies, amis, camarades, proches de Marc.

En mémoire de Marc Mavouzi

— Par Philippe Pierre-Charles —

Pourquoi cette affluence aux cérémonies d’adieu à Marc Mavouzi ? Il n’était la vedette de rien, l’élu politique d’aucune collectivité, le grand directeur ou PDG de quoi que ce soit. Sa grande (et vaillante) famille ne suffit pas à expliquer cette foule émue. Au pied de l’immeuble de l’agence du Pole emploi de Cascades, un jeune homme que je ne connais pas, parlant à quelqu’un d’autre donna il y a quelques jours une des clés de la question comme de l’homme qu’il fut : « ce gars là a fait tellement de choses… ». Aucun doute qu’il s’agissait d’un agent de Pole emploi et qu’il parlait de Marc, mais je ne suis pas sûr qu’il savait tout ce que justement il a fait. Oui beaucoup de choses dans ce service public de l’emploi, où son travail s’assimilait à du militantisme. D’autres en parleraient mieux que moi mais mon témoignage c’est que jamais l’évocation d’un problème d’un demandeur d’emploi, d’une chercheuse de formation, d’un agent en souffrance, d’un-e militant-e en quête d’information sur un texte ne laissait Marc indifférent ou passif. Il disait d’abord oui et cherchait réellement à atteindre l’objectif. Et les objectifs se succédaient. Se dépenser sans compter pour autrui et singulièrement pour les plus faibles, c’est Marc ! Environ trois décennies de militantisme actif, depuis les bancs du lycée au sein de Jeunesse d’avant-garde, puis du Groupe Révolution Socialiste (G.R.S.) et de la CDMT en passant par le travail de quartier, à Sainte-Thérèse, à Châteaubœuf, le travail pour l’union des peuples de la Caraïbe, pour la solidarité agissante des travailleurs de tous les pays, ont trempé l’homme, conforté ses dispositions naturelles à la fraternité vraie, à la rébellion instinctive, à la soif de justice, de dignité humaine et de joie de vivre malgré les épreuves qui ne l’ont pas épargnés. Et c’était le contraire d’un homme de marbre. Dans les années 80, dans les premières années d’Aristide, nous avions été désignés par le GRS pour aller en Haïti contribuer à la formation théorique d’un jeune groupe de militants haïtiens. Nous partions  tous les deux enthousiastes et informés des réalités haïtiennes. Mais arrivés un jour avant le début du stage, nos hôtes nous promenèrent dans Port au Prince et dans Cité Soleil. Le spectacle de la misère effroyable dans une des rues de cette cité bouleversa Marc au point qu’il fallut de vigoureuses discussions pour qu’il renonce à sa  décision spontanée de repartir illico. Cette sensibilité sans laquelle il n’existe pas de militant prolétarien véritable était une marque de fabrique qu’on percevait dans toute sa façon d’appréhender les autres et la vie. Elle explique certaines de ses déceptions militantes ou plus personnelles. Depuis quelques années il s’était retiré du militantisme classique. Même le mouvement de 2009 ne changea pas la donne comme nous pouvions l’espérer mais toutes les rencontres occasionnelles nous prouvaient que les valeurs étaient intactes, qu’elles continuaient à guider la vie personnelle, qu’elles restaient une force pour affronter la terrible maladie et la mort de son frère Michel puis la sienne propre. Beaucoup ont bénéficié de sa solidarité sans failles. Marc n’a pas hésité à soutenir des camarades d’autres courants politiques engagés dans de batailles électorales ou autres car le sectarisme n’était pas sa tasse de thé. Trop souvent nous sommes abordés par des gens se lamentant sur les défaillances d’untel, ressassant les récriminations sur les abandons de unetelle. A ce sport épuisant et vain, nous préférons et de loin celui consistant à chérir dans notre cœur la pensée et le souvenir de celles et ceux qui continuent la lutte, qui restent fidèles aux idéaux d’une façon ou d’une autre. Oui nous venons de perdre un des nôtres et prenons toute notre part de la douleur de ses proches qu’il ne semble pas utile d’énumérer. Que son exemple et son souvenir restent vivants comme il fut, pas une icône de la perfection mais comme un homme cherchant honnêtement ave toutes et tous le chemin de l’humanisation de l’Homme.

Philippe Pierre-Charles