En Martinique, la proximité des sargasses fait peser un risque pour les femmes enceintes

Les émanations toxiques des sargasses déclencheraient des cas précoces de prééclampsie et des naissances prématurées, selon le CHU de la Martinique.

L’exposition continue à l’hydrogène sulfuré dégagé par les algues sargasses en putréfaction déclencherait plus tôt des cas de prééclampsie chez les femmes enceintes, indique une récente étude menée par le CHU de la Martinique. « Ce qui ressort, c’est que la pathologie est un peu plus sévère car elle arrive plus tôt lors de la grossesse », a résumé à l’Agence France-Presse le Dr Donatien Bahezre de Lanlay, l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue Environmental Toxicology and Pharmacology.

Son travail a été réalisé en comparant les dossiers de 3 020 femmes enceintes passées par la Maison de la femme, de la mère et de l’enfant de Fort-de-France entre 2016 et 2021.

Les résultats ont monté que les femmes enceintes qui résidaient à moins de 2 km des lieux d’échouage de sargasses et souffraient de prééclampsie présentaient des symptômes autour de la 32e semaine de grossesse, contre 35 semaines pour celles qui habitaient au-delà de cette limite.

La prééclampsie associe hypertension artérielle et prise de poids avec œdèmes et affecte environ 8 % des grossesses. « Comme la prééclampsie arrive plus tôt, il y a un risque de prématurité », alerte Donatien Bahezre de Lanlay.

Un plan de 36 millions sur quatre ans

Toutefois, l’analyse des données n’a révélé aucune différence d’incidence de l’affection en fonction de la distance d’exposition aux sargasses, selon l’étude. L’invasion des sargasses est considérée comme un « problème sanitaire majeur » en Martinique comme en Guadeloupe. En mars, le gouvernement a adopté un « plan sargasses 2 », doté de près de 36 millions d’euros sur quatre ans, « une augmentation de près de 30 % des financements de l’État », avait souligné le ministère de la Transition écologique.

La prolifération de ces algues, qui dégagent quand elles pourrissent sur le rivage des émanations nauséabondes et toxiques, est « insupportable », a commenté plus tôt ce mois-ci le ministre délégué aux Outre-Mer, Jean-François Carenco, lors de sa première visite en Martinique.

Il a prôné la mise sur pied d’un « grand service public martiniquais pour traiter le problème des sargasses ». Depuis le 18 juillet, Météo-France met à la disposition du grand public un bulletin de prévision d’échouement de sargasses dans chacun des territoires français. En outre, le réseau de surveillance sanitaire des gaz émis par les sargasses mis en place en 2015 en Martinique va être prochainement élargi à cinq pays du bassin caribéen : Sainte-Lucie, Dominique, Trinité-et-Tobago, Cuba et Mexique.

Source : AFP / Le Point