« Échappée belle », un roman de Valérie Siracus

siracus_echappee_belleLaurence, jeune femme active, quitte le foyer familial pour s’installer dans son propre appartement. Au cours d’une soirée chic, elle fait la connaissance de Mike, jeune responsable commercial au charme dévastateur, qui la séduit immédiatement grâce à sa joie de vivre et sa galanterie. Elle partage avec insouciance sa vie de fêtes et de prestige.

Mais, jour après jour, le portrait de Prince Charmant moderne de Mike s’écaille laissant deviner un être manipulateur, spectre d’une vie pleine de paillettes, qu’elle n’aurait jamais imaginé. Aveuglée par son amour pour lui, elle le laisse l’entraîner sur la pente d’une dangereuse addiction à la cocaïne.

C’est alors pour cette jeune femme, une inexorable descente aux enfers.

Quand les voies de l’amour et de l’ambition vous mènent sur les chemins de la dépendance, être fort c’est parfois savoir demander de l’aide…

MOTS DE LECTEUR :

« Un délice. Un personnage féminin qui se débat pour survivre à un amour vorace et néfaste. Une jeune femme qui pourrait être votre voisine, votre fille, votre petite amie… Une jeune créole, aux prises avec les tentations de ce siècle, les bonnes et les moins bonnes rencontres et dans la difficulté de faire la différence entre possession perverse et amour véritable. Même si l’innocence voire la crédulité du personnage peut irriter le lecteur, l’on suit d’une traite jusqu’à la fin le calvaire de ce personnage. »

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Extraits croustillants (la larme à l’oeil ou l’eau à la bouche, au choix)

Aujourd’hui, j’arrive tout juste à l’heure au bureau, et pour la première fois, sans mes croissants « made in Lau ». Sonia louche sur mon visage de déterrée et le sac de la boulangerie du coin. Sans même un salut, je marmonne qu’elle n’a qu’à se les faire elle-même si ce que j’apporte ne lui convient pas. Peinée, elle bat immédiatement en retraite dans son bureau. Je regrette immédiatement mes paroles et me précipite à sa suite pour m’excuser. Je lui avoue avoir passé un week-end fatigant en compagnie de mes voisins – pieu mensonge… par omission – et promets de lui raconter tous les détails – gros mensonges, là OK – plus tard dans la journée.
(…)
Tout en préparant mon planning de la semaine, je repense à ce week-end, à Mike. Je crois que je suis vraiment amoureuse de lui. La seule chose qui m’embête, c’est cette coke qu’il prend… qu’ils prennent tous en fait ! Pour moi, elle est représentative d’un milieu de « pourris », dans lequel je ne veux absolument pas évoluer.
Je me dis que tout ceci est dû à l’éducation stricte et restrictive de mon père… qui, en bon homme de loi, n’a cessé de nous mettre en garde contre ce type de danger et le genre de personnes qui gravitent autour. Pourtant Brenda et Mike ne sont pas comme ça, je le sais bien… et je suis foncièrement contre les préjugés et le fait de coller une étiquette sur quelqu’un simplement à cause d’une de ses caractéristiques. Qu’ils sniffent une fois de temps à autre comme ils me l’ont assuré ne fait pas d’eux des dealeurs ou des junkies… alors que faire ?
Ohoooo pourquoi m’y a-t-il fait toucher ?
C’est surtout ça qui me gène beaucoup. C’est vrai que c’était bon, même très bon ! Mais j’espère qu’il a bien compris que je ne veux plus y retoucher. D’ailleurs, je compte bien lui en reparler à la première occasion.
Et ce serait encore mieux que je le fasse arrêter complètement, lui aussi !
Oh mince ! Assez rêvassé, Laurence, tu dois terminer le dossier du Lamentin pour M. Julian. Tu le vois à dix heures et demie, je te rappelle et il va forcément exiger une explication concernant le retard qui s’accumule là-bas…
Sonia passe la tête à la porte de mon bureau et me demande si j’ai deux minutes à lui accorder. Sans attendre ma réponse, elle entre, portant deux cafés noisette et s’installe en face de moi :
— C’est l’heure de la pause-café, Laurence ! Alors, comment vas-tu ?! Et ton week-end super-fatigant, raconte ?!
— Ça va, très bien passé ! Mais ce serait trop long à raconter maintenant, j’ai rendez-vous avec le boss dans vingt minutes et dois lui préparer de quoi le calmer au sujet du Lamentin, tu sais… On en parle à midi, si tu veux bien, on aura plus le temps ?! Toi, ton week-end s’est bien passé aussi ? (page 91)

Lorsque je me retourne lentement, il est assis au bord de son bureau, laissant pendre une jambe dans le vide, et me regarde hésiter encore. Ironique et sûrement très fâché, il pousse encore plus loin :
— Tu t’en vas déjà ? Mon discours te déplairait-il, tout à coup ?!
— Non, enfin si ! Bref… Finalement, je crois que je vais rester un peu ! Mais change de disque, OK ?! Ça m’énerve que tu ne me croies pas quand je te dis que je n’ai touché à rien. Comment peux-tu mettre ma parole en doute ?
À cet instant, Marco ouvre le tiroir de son bureau et en sort un sachet de poudre blanche. Il le jette négligemment sur la table basse devant moi et me dévisage avec insolence. Je suis très fière d’afficher ma pseudorésistance.
Je ne bouge pas et lui souris fièrement.
Il gronde entre ses dents serrées par la colère contenue :
— Tu vois, Laurence, OUTRE tes yeux magnifiques, dont les pupilles sont terriblement dilatées par la coke en cet instant même, OUTRE ton comportement anormalement agressif dans une situation qui t’aurait charmée il n’y a pas une heure, ta résistance à l’envie de sniffer me permet de déduire avec certitude que tu viens JUSTEMENT de t’envoyer une dose. Alors, écoute-moi attentivement, ma belle : soit tu m’avoues la vérité dans les cinq secondes qui suivent, soit tu SORS D’ICI et tu ne reviens plus JAMAIS !
Il a martelé son discours d’éclats de voix qui me terrifient, bien plus encore que s’il avait hurlé tout le long.
Et là, je m’effondre sur le siège devant moi, dévorée par la honte et la culpabilité. Je sens la transpiration et les larmes couler sur mon visage. Je lui avoue tout, bien sûr ! Comment imaginer une seule seconde ne plus le revoir ? Je lui demande piteusement de m’excuser. (page 260)

Cette nuit-là, Marco me fait l’amour avec toujours la même douceur et la même passion, à plusieurs reprises.
Il est si tendre et prévenant, je ne veux pas le perdre !
***
Le lendemain, je me prépare à retourner au bureau. Mes vacances sont déjà terminées, et pourtant j’ai l’impression qu’elles ont duré une éternité. Tant de choses se sont passées durant ces deux dernières semaines !
Mais au moins, j’en ressors blindée de certitudes, alors que tant de questions me hantaient le jour de mon départ.
Avant de partir retrouver mes collègues, je prends mon petit-déjeuner sur la terrasse avec Marco. Il me parle avec tendresse et douceur, il me prouve par son attitude combien il m’aime vraiment, combien il tient à moi plus que tout.
Lorsque je me lève pour aider Marie-Odile à débarrasser la table, j’entends la sonnerie de l’entrée. Je lui demande qui peut bien venir à cette heure ? Elle me répond que c’est sans doute le jardinier qui a encore oublié ses clefs et va ouvrir. Marco n’a pas bougé de sa place. Je m’assois un moment sur le canapé, me préparant mentalement à retourner au bureau. Deux hommes en blouse blanche pénètrent alors dans le salon, suivis d’une femme vêtue de blanc elle aussi.
Je lève un regard empli d’effroi vers Marco qui vient de nous rejoindre :
— Non ! Tu n’as aucun droit sur moi, Marco ! Il te faut mon accord et je refuse de me laisser enfermer ! Il te faut l’accord de mes parents, pour outre passer le mien et encore, après avoir prouvé que je ne suis plus apte à prendre de décisions ! Je suis fille d’homme de loi, souviens-toi ! Tu ne peux pas me faire ça, non !
Mon père et mon frère entrent alors dans la pièce. Mon père ne me regarde même pas et s’adresse aux deux hommes :
— C’est bien ma fille ! C’est bien elle qui a besoin de vos soins. Je suis désolé, ma chérie, mais nous sommes tous d’accord sur le fait que tu n’es plus en état de décider ce qui est bon ou non pour toi, reprend-il en me lançant enfin un regard, dans lequel se reflètent sa détresse et sa déception.
Je me lève précipitamment pour tenter de m’enfuir, mais c’est trop tard. Ils sont déjà en train de m’envelopper dans une camisole et de m’attacher. Je me débats, et tout à coup, tout ralentit autour de moi. Un vase tombe et se brise en mille éclats.
Je les injurie et me bats contre les liens qui se resserrent. Je ne sens même pas l’aiguille avec laquelle l’infirmière me pique. Le dernier regard que je croise avant de m’endormir est celui de Marco, les bras croisés autour de Marie-Odile qui sanglote, observant à travers ses propres larmes, cette scène inévitable.
Ma dernière vision est celle de ses lèvres, qui forment pour moi un « Je t’aime, Lau » désespéré.
(page 340)


Genre: Roman

Caractéristiques:

ISBN: 978-2-37520-504-4
Date de parution: 17 mars 2016
Type: Livre broché
Nombre de pages: 398
Dimensions: 220 × 140 × 20 mm
Poids: 500 g

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