Derrière l’exigence de l’assemblée constituante

— Le n°263 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Notre revendication de l’assemblée constituante, comme procédure pour poser et résoudre la question dite institutionnelle, s’inscrit dans une logique. Il ne s’agit pas d’un entêtement formaliste, pour une pièce importante du fameux Programme de Transition de Léon Trotski, ou pour le thème principal de la grande Convention du Morne Rouge d’août 1971.

C’est à la fois, un attachement à une méthode qui vise à impliquer la population dans un débat qui la concerne au premier chef, et un moyen pour nous, de défendre des propositions pourvues d’un contenu démocratique et social.

Prenons deux exemples pour illustrer notre propos. Les Constituant-e-s que nous proposerons au peuple d’élire, porteront la revendication de la révocabilité des elu-e-s. Ce principe est important, car il bat en brèche la tradition néfaste consistant à donner la parole au peuple une fois tous les 4, 5 ou 6 ans, en le réduisant au rôle de spectateur passif et impuissant, le reste du temps.

La révocabilité des élu-e-s, c’est la possibilité pour un certain nombre de citoyennes et citoyens, dans une proportion à débattre, de provoquer la remise en cause du mandat de tout ou partie d’une assemblée. L’obligation qui serait ainsi faite d’un retour devant les suffrages du peuple sans attendre la fin normale d’un mandat, montrerait de façon concrète et convaincante, qu’on ne se fait pas élire pour faire carrière, mais pour exécuter la volonté du peuple.

Une telle disposition existe et fonctionne dans un pays comme le Venezuela, et a déjà permis aux opposants au régime de remettre en cause le mandat du président, autrement que par des tentatives avortées, mais sanglantes de coups d’État. C’est donc un instrument au service de la démocratie.

Un autre exemple concerne le mode de scrutin. La dégénérescence du système présidentiel français ne découle pas de la psychologie plus ou moins tortueuse de tel ou tel président. Elle est fortement accélérée par un système institutionnel, qui permet à un président d’être élu au poste suprême, alors qu’il n’obtient à peine un cinquième de suffrages au premier tour, quand le total des voix de gauche ou celui de l’extrême-droite avait été supérieur au sien. Il faut un système de vote à la proportionnelle qui permette au peuple d’exprimer vraiment ses préférences.

À une autre échelle, la défiguration de la politique martiniquaise, sa transformation en guerre de tranchées, entre deux chefs donnant souvent l’impression d’agir en chefs de bande, alors que là aussi, ils n’ont été portés au pouvoir que par des minorités de la population, doit beaucoup au système électoral.

Nous ne dénoncerons jamais assez le caractère antidémocratique d’un scrutin, qui rejette la proportionnelle intégrale, et qui, suprême délice, accorde une prime au cheval de tête et barre la route aux « petits candidats » (sic) par des seuils qui interdisent la représentation de larges fractions de la population.

Que cela ne gêne pas des partis qui n’ont que le mot « démocratie » à la bouche, que cela ne provoque aucune mobilisation d’autres, qui dénoncent le système sans rien faire pour le changer, est une des causes de l’affaissement de la vie politique, du désintérêt en résultant, des frustrations débouchant sur une colère sourde, et sur des explosions sporadiques.

Appeler la population à se mêler de politique en faisant silence sur ce qui nourrit son désintérêt, cela porte un nom : INCONSÉQUENCE. Et même un prénom : DÉMAGOGIE, c’est-à-dire l’exploitation de l’ignorance dans de larges couches de la population, des mécanismes institutionnels qui corrompent silencieusement la démocratie.

Dans la période qui s’ouvre, nous développerons d’autres exemples en réclamant le débat qui s’impose.

Reconnaître le matrimoine !

Il existe depuis plusieurs années les journées du patrimoine. On nous inclut dans les journées « européennes » du patrimoine. On voit bien les enjeux visés ! Non seulement on nie notre présence dans la Caraïbe, puisqu’il leur faut refuser notre identité en nous assujettissant à leur monde colonisateur, mais encore, leur idéologie paternaliste au surplus, s’impose dans toute son étendue.

Notre monde aurait été construit par les PATER et puis… foin des MATER !. Les deux associations féministes, Culture Égalité et Union des Femmes de Martinique, ont fait du mois de septembre, celui de la célébration du matrimoine et non du patrimoine : c’est-à-dire s’attacher à faire rayonner l’imposante part que constitue l’activité des femmes dans l’histoire de notre pays et du monde.

Expositions variées sur les luttes de femmes (dont celle des charbonnières), brochures sur Jane Léro, Suzanne Roussi-Césaire, Lumina Sophie, films sur Yvette Mauvois et Roussi-Césaire, émissions radio et interviews télés, journaux, conférences, ateliers, marche sur les traces de Lumina, débat sur Harriet Tubman, pièce de théâtre, marquent jusqu’au 30 septembre, ce mois en cours.

Le G.R.S. salue cette démarche et invite chacun et chacune à s’y impliquer.

RÉUNION PUBLIQUE

LIVRE DE PATRICK BRUNETEAUX ET OLIVIER PULVAR

LES MÉTROPOLITAINS À LA MARTINIQUE

UNE MIGRATION DE CONFORT

Olivier Pulvar, docteur en sciences de la communication et maître de conférences, un des auteurs du livre, tient à la demande du mouvement R.ESP.È, une conférence publique avec débats et échanges sur cet ouvrage paru en mai 2022 chez Le Teneur (K.Éditions).

vendredi 30 septembre à 18h

hôtel l’impératrice