De la solidarité nécessaire, à la Martinique en temps de confinement

Entretien avec Patrick Domergue : de nouvelles pauvretés vont se faire jour

France-Antilles, entretien Virginie Monlouis-Privat, dimanche 10 avril, 

Patrick Domergue est Délégué diocésain à la Charité, et Secrétaire général du Comité Diocésain de la Solidarité et de la Charité (CDSC).

F.A : Pendant le confinement, les plus fragiles continuent à être accompagnés par le diocèse. Quelles sont vos priorités ?

Les chrétiens, durant la pandémie du Corona virus, sont plus que jamais en lien avec leurs semblables. Ils sont au quotidien auprès des personnes en situation de précarité, des personnes âgées, isolées, des personnels soignants, des malades, des personnes en souffrance et en détention à la prison de Ducos. Il n’y a pas de priorité à proprement parler. Nous ne choisissons pas nos bénéficiaires. Ce sont des personnes qui viennent vers nos associations, soit parce qu’elles reconnaissent notre travail ou qu’elles ont été orientées tout simplement. Ce sont les chrétiens engagés au sein des associations chrétiennes, des aumôneries, des pastorales qui interviennent auprès de ces personnes. Mais c’est toute la communauté chrétienne qui participe à cette solidarité, dans nos quartiers, dans nos cités, dans nos familles, car la foi en Jésus-Christ conduit à l’amour du prochain.

F.A : Avez-vous dû faire face à une baisse du nombre de bénévoles pendant le confinement ? 

Les éléments qui ressortent de nos discussions avec les Associations chrétiennes nous prouvent le contraire. Nous avons sur le terrain actuellement un nombre important de bénévoles qui veulent s’engager au sein des associations caritatives chrétiennes. Parmi ces personnes, il y a des jeunes qui veulent servir et nous saluons ce noble désir d’engagement.

F.A : Qu’en sera-t-il à partir du 11 mai ?

Il est vrai que le déconfinement, prévu le 11 mai par le gouvernement, est une date importante pour tout le monde. Mais pour l’ensemble des chrétiens du tissu caritatif, il y aura vraisemblablement un goût de tristesse, puisque nous ne serons pas autorisés à nous rassembler pour célébrer, prier. Mais quoi qu’il en soit, nous continuerons nos missions sur le terrain auprès des personnes fragilisées dans la société. Nous nous attendons à rencontrer de nouvelles pauvretés engendrées par cette crise sanitaire du Corona.

Les cellules d’écoute

— Centre Eaux Jaillissantes :

Permanence téléphonique du lundi au samedi de 8h à 22h. Contacts : 0596.60.26.22 / 0696.29.21.04 / 0696.45.94.38 et 0696.75.73.00.

— PCE des psychologues :

Permanence téléphonique du lundi au samedi de 9h à 17h Contact : 0696.03.33.43.

 

Situation  et perspectives des entreprises martiniquaises, par Philippe Jock

Entretien Hervé Brival, France-Antilles, samedi 9 mai 2020

C’est ce lundi 11 mai que débute la sortie progressive du confinement. Philippe Jock, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique, fait le point sur la situation des entreprises et les perspectives à venir. 

« Nous serons aux côtés des entreprises pour préparer le rebond »

F.A : Philippe Jock comment se portent nos entreprises, et plus largement le tissu économique de l’île ?

Nous ne disposons pas encore des résultats de l’enquête statistiques que nous avons choisi de lancer sur un échantillon représentatif de notre population d’entreprises. Mais, si je me réfère aux informations qui nous ont été communiquées par les 2 000 entrepreneurs que nos conseillers ont eu au téléphone depuis le 17 mars, une majorité de nos entreprises ont connu un fort ralentissement de leur activité et doivent faire face à des problèmes de trésorerie. Ces échanges ont été également l’occasion de relever, chez certains, de la détresse et cela nous a amené à contractualiser avec SOS Kriz, présidée par le Professeur Jehel, afin de leur apporter, en complément des réponses techniques que nous leur donnons, un soutien psychologique. 

F.A : Beaucoup d’entre elles ont pu actionner le chômage partiel pour leurs salariés, est-ce que ce sera suffisant pour éviter qu’elles mettent la clef sous la porte ?

Cette réponse d’urgence a permis de préserver l’emploi et les compétences dans un premier temps. Il faudrait cependant que l’activité redémarre pour qu’elles évitent la faillite. 

Les chiffres communiqués par la DIECCTE font état, à la date du 6 mai, de 6 854 demandes de chômage partiel validées, soit 48 044 salariés concernés. C’est plus de la moitié des salariés du secteur privé en Martinique. Au début de la mise en place du dispositif, il y a eu du retard dans l’obtention des identifiants pour faire les déclarations, mais peu de demandes ont été rejetées. 

F.A : Qu’est-ce qui peut expliquer le rejet de demande de chômage partiel ? 

Les rejets ont été essentiellement justifiés par l’absence de motivation de la demande. En dehors des entreprises concernées par l’arrêté de fermeture obligatoire du 15 mars dernier, il fallait motiver la demande. L’absence de motivation ou la seule mention « COVID 19 » ont pu conduire à des rejets. Les motifs les plus souvent identifiés et acceptés par la DIECCTE étaient : l’impossibilité de mettre en place les gestes barrières, les difficultés d’approvisionnement ou l’absence de clientèle en raison du confinement de la population.(…)

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https://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/economie/nous-serons-aux-cotes-des-entreprises-pour-preparer-le-rebond-554168.php

 

La plateforme d’écoute SOS Kriz, pendant et après le confinement

France-Antilles, avril 2020

Le nombre d’appels sur la plateforme d’écoute « SOS Kriz » a triplé depuis le début du confinement. Dépression, violences intra-familiales, peur de mourir. L’association cherche des bénévoles pour faire face au prolongement du confinement.

À l’annonce du prolongement du confinement, les équipes de SOS Kriz ont pris conscience du besoin grandissant. Elles l’avaient déjà anticipé quinze jours auparavant. Seize nouveaux bénévoles ont été formés afin de faire face au nombre d’appels, qui augmente.

Depuis le début du confinement, cette plateforme d’écoute a multiplié par trois son nombre d’appels. « En ce moment, tout le monde est à la maison. Le mari violent, la femme violente. Il y a vraiment un concentré de tension, et puis également la peur de mourir », relate Fabienne Sainte-Rose, secrétaire, formatrice, préventrice et membre fondatrice de l’Association. « Nous discutons avec des personnes qui nous disent :  C’est la fin du monde, je ne veux pas mourir du Covid, je préfère me suicider ». « C’est à ce moment que le préventeur intervient et désescalade ce que l’on appelle la crise », explique la préventrice.

Evaluer et faire face aux troubles post-traumatiques après le confinement

Jusqu’au 11 mai et même après le confinement, Fabienne Sainte-Rose pense que les séquelles seront visibles. Le nombre d’appels va encore augmenter. C’est la raison pour laquelle un appel aux bénévoles est lancé. Une formation sera dispensée aux nouveaux préventeurs afin d’écouter tout simplement les appelants. « Nous ne sommes pas là pour leur donner des conseils, on les oriente vers des professionnels qui sont formés », explique la formatrice.

Les projets de l’association sont d’aider les structures qui vont faire face aux familles qui ont été confinées et en difficulté. « On réfléchit à envoyer des préventeurs auprès des familles, ainsi qu’auprès des associations, pour aider à évaluer les besoins car, quand on est confronté à la peur de mourir, on peut développer des troubles post traumatiques avec des cauchemars, de la dépression, augmentation de la consommation de stupéfiant, d’alcool ou encore de sexe », explique Fabienne Sainte-Rose.

Contact : 0800.100.811

Fort-de-France, le 10 mai 2020