DE-CONSTRUCTION // Sébastien MEHAL

de-constructionExposition individuelle
23 avril – 31 mai 2015
Case à Léo, Habitation Clément
9h-18h, sans interruption
Soirée – rencontre
mercredi 22 avril 2015 à 19h
En présence de l’artiste et de Joëlle Ferly
Dimanche – découverte
29 mars 2015 à 10h
Animé par Joëlle Ferly
L’ampoule. Ce motif, qui est devenu l’emblème de Sébastien Mehal, l’a précédé, bien avant qu’il ne devienne peintre. Enfant à Fort-de-France, il était fasciné par ces ampoules accrochées aux plafonds des cases du quartier Trénelle qui s’allumaient les unes après les autres lorsque le soir tombait, comme une guirlande aléatoire s’éclairant de maison en maison. En face, dans le quartier Didier, il assistait à ce spectacle qui se rejouait chaque jour, embrassant d’une vue panoramique cette partie de la ville faite de maisons de fortune enchevêtrées et souvent inachevées. « Je me demandais quelles vies étaient éclairées par ces ampoules qui apparaissaient entre portes et fenêtres. La chaleur était telle que les gens laissaient leur maison ouverte pour laisser circuler l’air » se souvient-il. Ces questions d’enfant sont devenues le terreau d’inspiration de l’artiste qui pense aujourd’hui l’homme dans la ville, la complexité d’une urbanisation galopante dévorant l’architecture identitaire des Caraïbes, la puissante mondialisation qui voit se multiplier les mêmes modèles de villes avec des buildings toujours plus hauts et l’exacerbation des tensions sociales. Sébastien Mehal est un artiste de la mémoire qui s’intéresse à la condition de l’être humain mais qui n’est cependant pas nostalgique. « Je ne considère pas cette dé-construction comme quelque chose de négatif, mais plutôt comme une continuité dans la culture et dans l’évolution des Antilles » revendique-t-il.
À partir de ce motif – sorte de Fée électricité conceptuelle –, il décrit l’urbanité contemporaine au grè de métaphores électriques : les tensions sociales qui sont assez fortes sur son île natale – parfois électrique ! –, avec des différences de niveaux économiques assez grandes et où le tissu social n’est pas fait d’un continuum mais de ruptures, reflets d’une complexité sociale. Rien n’est acquis cependant, et l’évolution sociale est possible tout comme le paysage urbain ne reste pas figé dans une architecture post-coloniale. L’ampoule est aussi celle qui peut ranimer l’étincelle de l’humanité comme il l’exprime à travers Hertz étincelle. Il rend leur noblesse à ces hommes à qui l’esclavage a ôté toute dignité en sculptant l’ampoule dans un marbre noir sans veine de Belgique, matière noble que l’on comprend comme telle seulement dans un second temps. Les apparences sont parfois trompeuses !
Le titre des oeuvres de Sébastien raconte tout cela. Dans cette société qu’il voit évoluer, L’urbanité domine avec la concentration humaine de mégavilles qu’il illustre avec ce quadrillage abstrait ou ce damier rouge invitant chacun à avancer ses pions. Il crée des ponts entre Tokyo – ville qui lui est chère – et la Martinique, qui partagent un rapport comparable entre villes et campagnes. Mais comment vivre ensemble dans ce nouveau modèle qui devient un véritable complexe sociologique ? L’artiste apporte une solution en chargeant son geste d’une valeur curative : il recouvre une partie de la toile avec ces giclées qu’il obtient avec des seringues médicales. L’effet pictural est plus puissant que le dripping d’un Pollock, concentré d’énergie et de rage qui sort avec pression. Il ne pouvait l’exprimer avec les outils classiques du peintre, et il fallait jouer de la métaphore pour porter cette pulsion de vie qui ne pouvait être enfermée dans une forme arrêtée.