Conte Dogon : Les filles du village

CONTE 3

Il était une fois un village où les filles rivalisaient beaucoup entre elles, surtout au sujet de la beauté.

Parmi toutes les filles, il y en avait une du nom de Yahedjou (ce qui signifie très belle fille), elle était la plus belle parmi toutes les filles du village.

Et donc, elle était détestée par toutes les autres filles pour sa beauté légendaire que tous les hommes appréciaient.

Une grande fête devait avoir lieu dans le village. Mais les autres filles ont monté un coup dans le dos de Yahedjou, en allant consulter les djinns du marigot.

Elles ont proposé aux djinns de s’en prendre à Yahedjou, la plus belle fille du village, quand elles iront se faire tresser les cheveux au village voisin.

A l’approche de la fête, les filles se sont rassemblées et sont allées voir Yahedjou pour qu’elles partent ensemble chez la coiffeuse .

Quand les filles sont allées chez Yahedjou, elles lui ont dit d’abord que sa maman lui a demandé de piler le mil, et ensuite elles disent encore que sa maman lui a demandé de puiser de l’eau.

Les filles ont également aidé Yahedjou dans sa tâche pour qu’elle finisse rapidement. Après avoir fini tous les travaux, les filles ont pris la route qui les amène chez leur coiffeuse.

Elles ont marché jusqu’à traverser un marigot qui se situe entre leur village et celui de la coiffeuse.

Alors elles ont traversé le marigot pour rejoindre l’autre village. Au moment où elles traversaient, le marigot était à sec.

Arrivées chez la coiffeuse, elles ont passé toute la journée jusqu’à tard le soir.

Mais les autres filles ont leur idée dans la tête, c’est pourquoi elle ont fait exprès de retarder leur retour. En effet, elles ont décidé de parler avec les djinns par rapport à ce qui allait se passer pour Yahedjou .

A leur retour, arrivées au bord du marigot, elles constatent que le marigot est plein d’eau, comme il était convenue avec une chanson qui identifie la personne à qui les djinns vont s’en prendre.

Ainsi elles décident de se mettre en rang, et elles mettent Yahedjou et sa petite sœur au dernier rang. La première fille a chanté :

« Par derrière, par derrière

Yahedjou est par derrière,

Sur sur ses pieds, elle a des perles »

Alors l’eau s’est retirée et les filles ont traversé le marigot l’une à la suite de l’autre, jusqu’au tour de la petite sœur de Yahedjou et d’elle- même.

La petite sœur de Yahedjou à son tour chante et l’eau se tarit et se tarit et elle traverse.

Alors maintenant, c’est le tour de Yahedjou, la dernière à traverser. Quand elle chante, l’eau augmente de volume, elle chante encore mais l’eau a augmenté de plus en plus.

Et il se faisait tard, ainsi les autres filles disent à Yahedjou de se jeter à l’eau. Yahedjou décide de se jeter dans l’eau qui l’emporte, elle n’a pas pu traverser.

Les autres filles décident de ne rien dire à leurs parents.

Personne n’a rien dit, même pas la petite sœur de Yahedjou.

Le matin tôt, la mère de Yahedjou demande à sa petite sœur :«  Où est ta grande sœur, » Elle n’a pas répondu à sa mère.

La mère de Yahedjou donne du mil à la petite sœur et lui demande d’aller l’écraser. Elle commence à écraser le mil en chantant: 

Si grande sœur était là,

on pilerait et on écraserait ensemble,

maintenant que grande sœur n’est pas là ,

que faire ? »

Au moment où elle chantait, une vieille dame l’écoutait, elle se rapprocha de la petite fille et lui demanda : »Qu’est-ce qui est arrivé à ta grande sœur ? », et la fille de raconter ce qui s’est passé.

Alors, la vieille dame décide d’aller dire à la mère de Yahedjou la vérité sur ce qui est arrivé à sa fille.

La mère de Yahedjou s’est fâchée et a décidé de se venger de la mort de sa fille.

Alors elle décide d’aller chercher les anciens os humains au cimetière du village, elle écrase les os en poudre et prépare des haricots et mélange les deux.

Elle invite toutes les filles du village à venir manger le repas de sacrifice qu’elle a préparé pour le repos éternel de sa fille.

Après avoir mangé, toutes les filles sont mortes.

La leçon à retenir: il ne faut pas que la jalousie te pousse jusqu’à aller tuer ton prochain , tu ne sais pas ce qui t’attend demain.

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Commentaire : Puisque les contes populaires disent le plus souvent ce qui sommeille dans l’inconscient, ils n ‘évitent pas d’évoquer des pulsions mortifères. Dans un village dogon, quand un groupe de filles dansent et chantent la nuit au clair de la pleine lune, on n’imagine pas ce qui peut se passer secrètement entre elles, par exemple la jalousie à l’égard de la plus belle.

Dans la tradition dogon, l’eau est une puissance numineuse, à la fois bonne, source de vie et dangereuse, domaine du Nommo, le premier fils de Dieu ,Amma.

Le conte est remarquable par la lente progression qui va conduire jusqu’au meurtre.

La vengeance de la mère est terrifiante. Cette ambiance tragique et sombre conduit tout naturellement à la leçon de morale qui est presque de trop après l’horreur du récit qui en lui-même constitue, comme le théâtre antique, une catharsis. Plus qu’une leçon de morale, le conte est une exorcisation des pulsions mortifères.

Lire :« Contes Dogon », recueillis par Malick Guindo à Endé (Pays Dogon) Mali