Classes chargées, salaires bas : les profs français moins bien lotis que leurs voisins

— Par Cécile Bourgneuf —

Un rapport de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance souligne le retard de l’éducation en France par rapport à ses voisins européens.

Avec un taux d’encadrement supérieur de quatre points à la moyenne européenne, les enseignants français font partie de ceux qui gèrent le plus d’élèves.

Alors que la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), service qui dépend du ministère de l’Education nationale, vient de publier son rapport «L’Europe de l’éducation en chiffres», basé sur différentes évaluations européennes et internationales, Libération tire différents enseignements du côté des profs, de cette «base précieuse pour les analyses et les décisions nationales», comme l’écrit le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, en préambule du rapport.

Taux d’encadrement élevé

L’Union européenne compte en moyenne 19 élèves par classe en élémentaire (maternelle et primaire) et 21 dans le premier cycle du secondaire (l’équivalent du collège). C’est la France qui détient le palmarès des classes les plus chargées avec en moyenne 22 élèves par classe en élémentaire (contre 17 en Grèce, en Lettonie et en Pologne qui ont les classes les moins chargées) et 26 au collège (contre 17 en Lettonie qui a là aussi le plus faible effectif).

Sans surprise donc, la France se hisse aussi en haut du palmarès sur le taux d’encadrement, c’est-à-dire le nombre d’élèves par enseignant en équivalent temps plein, avec 23,2 élèves par enseignant en maternelle et 18,4 en élémentaire. Le taux est aussi plus fort au collège en France (14,6) qu’en Allemagne (12,8), mais de manière moins marquée. En revanche, au lycée, la tendance s’inverse : avec 11,3 élèves par professeur, une moyenne en dessous de nombreux pays et notamment de l’Allemagne (12,2).

Plus gros temps d’enseignement

Les professeurs français sont aussi loin d’être les mieux payés d’Europe. Si le salaire des enseignants européens est globalement inférieur à ceux des autres actifs dans l’Union européenne, c’est encore plus vrai en France, comme en Autriche et en Italie. Autre donnée intéressante : depuis 2014, les salaires des enseignants débutants ont augmenté dans la plupart des pays. Mais la France fait partie de ceux dans laquelle cette augmentation a été la plus faible (entre 1 et 3%), contrairement à l’Allemagne, l’Autriche et la Pologne qui enregistrent une hausse comprise entre 15 et 30%.

En milieu de carrière, c’est encore moins glorieux : les salaires des enseignants français restent nettement inférieurs à ceux de la moyenne des pays de l’OCDE, comme le soulignait le rapport annuel de l’Organisation de coopération et de développement économiques publié en octobre et mis en avant par la Depp. En élémentaire, les enseignants ayant quinze ans d’expérience gagnent environ 20% de moins que la moyenne de l’OCDE, avec 40 043 dollars brut (37700 euros) par an en moyenne. Ces derniers gagnent trois fois moins par rapport à leurs voisins allemands. Pour les enseignants du secondaire, c’est près de 15 % de moins, avec 43 133 dollars par an. Par rapport aux autres pays de l’OCDE, le rapport montre aussi qu’il faut en France trente-cinq ans d’expérience aux enseignants pour passer du salaire de départ au salaire le plus élevé, contre vingt-six ans pour la moyenne européenne. Ainsi, près de la moitié des enseignants de moins de 30 ans et un quart des plus de 50 ans se disent insatisfaits de leurs salaire.

Pourtant, en France, le temps d’enseignement est plus élevé que dans d’autres pays européens, notamment en élémentaire. Les professeurs des écoles enseignent 900 heures par an contre 740 en moyenne dans les autres pays de l’UE. Au collège, les enseignants passent 720 heures devant les élèves, contre 659 en moyenne dans le reste de l’Europe.

Source : Libération