Christophe Chassol : « Ultrascore »

— Par Selim Lander —

Chassol (Big Sun)Belle découverte, à l’Atrium, que celle de Christophe Chassol, musicien talentueux et inventif qui mêle images et musique(s). Musique(s) parce qu’il ajoute à la bande son du film projeté sur l’écran géant derrière lui celle qu’il joue en live aux claviers, accompagné à la batterie par Lawrence Clais.

La musique enregistrée est de celles que produisent les créateurs d’aujourd’hui, un mélange de genres, beaucoup de « samples » avec quelques mesures répétées jusqu’à plus soif. La musique jouée en direct est souvent plus fluide, plus mélodique mais cela n’empêche pas non plus de temps à autre la répétition obsédante d’un ou deux accords. Qu’on soit ou non sectateur enthousiaste de cette mode influencée par les DJ, le fait est qu’elle a envahi la planète, ce qui signifie qu’elle a trouvé son public et même que ce dernier en redemande. Dont acte. En l’occurrence, le résultat n’est pas désagréable même pour des oreilles a priori rétives à ce style musical.

Ce qui permet à l’entreprise de dépasser les limites des boites de nuit et des raves, c’est à l’évidence le film qui montre la Martinique comme on ne l’avait jamais vue au cinéma. Certes les images, comme à la musique, sont souvent trop répétitives, avec de très brèves séquences de quelques secondes réitérées pendant plusieurs minutes, mais le procédé présente au moins l’avantage de nous pénétrer du contenu de ces images : des merles chanteurs posés sur une branche, un menfenil qui traverse le ciel, un joueur de flute dans un cimetière, un jeune chanteur dûment casquetté, deux vieilles femmes qui chantent, elles aussi, mais de toutes autres chansons, une vedette du showbizz martiniquais au bar de l’hôtel Batelière, des hommes qui jouent au domino dans une épicerie à l’ancienne, d’autres ou les mêmes qui improvisent un concert sur une conque marine et quelques instruments du même genre, le carnaval avec ses nymphettes et ses groupes à pied dont l’un aux troublants masques de singe, …

Last but not least, à la fin de la soirée, le flûtiste Mario Masse est monté sur scène pour un bœuf, dernier moment de grâce dans une soirée qui en avait déjà compté plusieurs.

 

Tropiques-Atrium, 8 avril 2016